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Pour avoir dérobé le feu sacré de l’Olympe et l’avoir offert aux hommes, Zeus condamna le titan Prométhée à être attaché à un rocher sur le mont Caucase, où un aigle venait chaque jour lui dévorer le foie, qui repoussait chaque nuit. À la demande de l’Ensemble intercontemporain, Chaya Czenowin, Mark Andre et Bernhard Gander se sont emparés de ce mythe dans trois œuvres concertantes.

Dans Fast Darkness: Freeze and Melt, c’est en contemplation du feu lui-même que l’on trouve la compositrice israélo-américaine, qui insiste à la fois sur sa puissance et son imprévisibilité. Deuxième volet d’un cycle dans lequel Chaya Czernowin s’intéresse à l’accélération du temps musical (d’où l’adjectif « Fast » du titre), cette pièce pour clarinette basse et ensemble fonctionne sur le principe de l’activation et de l’inactivation inopinée de matériaux extraits du premier volet, autrement « gelés » dans le temps : « exactement comme le feu, qui se déclare sans prévenir puis se déploie de manière imprévisible, dévastant de vastes régions pour disparaître ensuite. »

Dans wohin, pour harpe et ensemble, Mark Andre ouvre quant à lui la focale pour interroger plus généralement les mythes, et le processus de mythogenèse. Se penchant sur les rapports entre ce qui relève du réel (ou du supposé réel) et ce qui relève de la narration, il s’intéresse à la manière dont les mythes se dévoilent, se déplient et se démultiplient. Ainsi, par exemple, selon une autre version du mythe de Prométhée, le titan aurait été le créateur même de l’homme, façonné à partir d’eau et de terre. Le titre de la pièce renvoie en outre à la traduction allemande d’un passage de l’Évangile selon saint Jean : « Le vent souffle où il veut, et tu en entends le son ; mais tu ne sais d’où il vient [woher er kommt], ni où il va [und wohin er geht] : il en est ainsi de tout homme qui est né de l’Esprit. »  

De Mark Andre à Bernhard Gander, on bascule sans transition de l’intime et du presque rien au déchaînement sonore… En ces temps de crise, le compositeur autrichien considère en effet la symbolique la plus immédiate s’agissant de Prométhée et de son présent aux hommes : celle du feu en tant que vie et mort. Dans Soaring Souls System (littéralement : systèmes des âmes en plein essor) pour violoncelle, contrebasse et ensemble, « les disparus attendent dans le brasier du purgatoire avant que leurs âmes soient libérées de leur enveloppe profane pour s’envoler vers le paradis. » Comme son titre le laisser à penser, Bernhard Gander développe dans Soaring Souls System l’esthétique inspirée du Death Metal dont il est coutumier. Un intense travail d’informatique musical a permis de reproduire le son et l’énergie spécifique de cette musique à l’aide d’effets appliqués en temps réels aux instruments solistes. Lesquels déploient, à l’instar des groupes de Death Metal, une énergie sonore explosive.

Distribution
  • Alain Billard clarinette basse
    Éric-Maria Couturier violoncelle
    Nicolas Crosse contrebasse
    Valeria Kafelnikov harpe
    Ensemble intercontemporain
    Matthias Pintscher direction
    Augustin Muller réalisation informatique musicale Ircam

  • Coproduction Ensemble intercontemporain, Philharmonie de Paris
    En partenariat avec l’Ircam-Centre Pompidou

    Avec le soutien de la Fondation Ernst von Siemens

    Concert enregistré par France Musique

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