Andile Khumalo : « Invisible Self ».

Le 3 mars à la Cité de la musique, l’Ensemble intercontemporain jouera, en création française, Invisible Self du compositeur sud-africain Andile Khumalo. Une œuvre pour piano et ensemble composée en 2020 en forme de réflexion sur les problèmes de cohésion sociale en Afrique du Sud. 

Invisible Self a été pensée comme une réflexion sur les enjeux de cohésion et le combat social qu’affrontent de nombreux africains d’Afrique du Sud. Et, dans le même temps, cette pièce parle de la manière dont on peut définir la musique africaine aujourd’hui.

Invisible Self se présente comme une pièce pour piano avec ensemble. Bien qu’au centre du dispositif, l’objet « piano » n’est pas considéré différemment du reste de l’ensemble, qui représente symboliquement son environnement. On pourrait dire, selon le point de vue adopté, que le geste musical premier porté par le piano est graduellement déconstruit par l’environnement, ou bien que, à mesure que le matériau se développe, ce geste s’adapte et attire l’environnement à lui. Dans tous les cas, chaque fois qu’il se trouve ainsi écartelé par son environnement, ses couches intimes se dévoilent. Ce processus donne l’illusion de plonger de plus en plus profondément l’âme ou le cœur de l’identité propres à cet objet musical. Et, ce faisant, le « vrai moi » ou le « moi intérieur » fait apparaitre le « moi originel » (celui du début de la pièce) comme une version distordue du « moi intérieur ».

Invisible Self tire son inspiration des tensions entre les « migrants » africains et les africains d’Afrique du Sud, qui ont mené ces dernières années à des attaques xénophobes, bouleversant le paysage social sud-africain. Avec, bien sûr, l’inévitable question de ce que serait un « migrant » africain en Afrique ? Et de qui serait capable définir l’étrange-té ou « l’altérité » d’africains en Afrique ?

Photo © Dita Pepe