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Un soliste et son double. Entretien avec Clément Saunier, trompettiste.

Entretien Par Jéremie Szpirglas, le 23/09/2021

 

La soirée In Between Narcisse du 25 septembre à la Cité de la musique sera l’occasion d’entendre pas moins de trois créations mondiales concertantes. Parmi elles, Doppelgänger Concerto No. 1 pour trompette[s] et ensemble de Yann Robin, avec Clément Saunier en soliste. Le trompettiste partage ici son expérience de travail avec le compositeur français.

Clément, comment avez-vous travaillé avec Yann Robin ?
Voilà plusieurs années que je m’intéresse à son travail et à ses différents projets. Aussi, c’est avec enthousiasme que j’ai accueilli son souhait d’écrire une pièce pour trompette. Dans le cadre de nos discussions, j’ai rapidement compris qu’il ne s’agissait pas pour lui de faire un « inventaire » des techniques existantes pour l’instrument, mais bien plutôt de travailler sur les images sonores qu’il avait déjà en tête pour sa pièce, et plus précisément sur « l’inouï » (autant musical que technique) de la trompette et de sa relation avec l’ensemble.

La pièce s’intitule Doppelgänger et sera créée au cours de la soirée In Between consacrée à la figure mythologique de Narcisse : comment ces thèmes transparaissent-ils dans le discours musical ?
Quand Yann m’a parlé du titre de la pièce, je me suis intéressé à ses inspirations littéraires comme Guy de Maupassant, Fiodor Dostoïevski ou encore Edgar Allan Poe, et cinématographiques, à commencer par David Lynch. L’écriture de sa pièce illustre parfaitement le thème du double qui s’immisce graduellement dans la réalité de la voix « principale », jusqu’à la folie…

 

Justement, tout cela suggère une forme de concerto. Quel est-il en réalité ?
Yann a recours à une écriture relativement parallèle des deux parties qui se croisent parfois, se répondent souvent, jusqu’à quasi fusionner par moments. 

Quels sont les grands enjeux techniques et musicaux pour la partie soliste ?
Pour être tout à fait honnête, et pour avoir échangé avec les solistes qui ont créé les précédentes pièces concertantes de Yann Robin, il faut d’abord accepter de dépasser physiquement tout ce qui a été conçu pour son instrument à ce jour. Par exemple, la première page de la partition explore des tessitures qui n’existent pas à proprement parler sur la trompette ! Certaines techniques sont à inventer, d’autres sont à créer de toute pièce. Il faut accepter de déconstruire ses repères physiques habituels pour pouvoir ensuite se consacrer à la partie artistique.

Photos © EIC