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« Tutuguri » : le geste et le cri. Entretien avec Matisse Humbert, comédien.

Entretien Par Jéremie Szpirglas, le 13/01/2022

Le 17 janvier prochain, à la Philharmonie de Paris, le jeune comédien Matisse Humbert sera le récitant (le mot est faible) de Tutuguri, œuvre monstre du compositeur allemand Wolfgang Rihm d’après le texte éponyme du poète français Antonin Artaud. Premières impressions…

Matisse, avez-vous déjà été récitant dans le cadre d’une œuvre musicale ?
Non, ce sera la toute première fois.


Qu’est-ce qui vous séduit en tant que comédien dans ce genre de projets ?
Mon seul bagage est mon désir d’interprétation et de curiosité.

En l’occurrence, qu’est-ce qui vous a intéressé dans Tutuguri  de Wolfgang Rihm ?
L’aspect sacré de l’œuvre me fascine. Au cours de mes études au Conservatoire National Supérieur des Arts Dramatiques, j’ai eu l’occasion d’étudier un peu la vie d’Antonin Artaud. J’ai été fasciné par quelque chose de perturbant chez cet artiste, qui me l’a rendu très proche.En interprétant Tutuguri, je vais avoir l’opportunité de toucher du bout des doigts, ou à bras le corps, cet aspect sombre et mythique de l’art.

Quelle a été votre réaction en découvrant le texte d’Antonin Artaud et la composition de Wolfgang Rihm ?
L’idée d’accompagner des musiciens, nombreux qui plus est, est pour moi d’une jouissance gargantuesque. Quant au texte d’Artaud, j’ai pu le découvrir en passant l’audition, mais j’avoue que je n’en garde qu’un souvenir assez vague, comme s’il ne m’avait pas impacté. Lorsque je le lisais, en effet, la première consigne a été d’en oublier le sens.

Outre votre métier de comédien, vous avez vous-même une pratique de la danse. Comment rendre à l’œuvre sa dimension de « poème dansé », dixit Wolfgang Rihm ?
Il s’agit de faire confiance au rythme. Le concept de « poème dansé » se traduit pour moi par la mouvance des corps à travers le son, par le geste par le cri. Lorsque le toucher et l’ouïe ne font qu’un. « La peur, c’est la poésie », disait Antonin Artaud. Dans cet esprit, la formule « Danser la peur » prend tout son sens pour interpréter Tutuguri.

Photo © Amandine Lauriol