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Harlequin de Karlheinz Stockhausen.

Éclairage Par Martin Adámek, le 27/10/2021

Harlequin de Karlheinz Stockhausen est une pièce aussi musicale que théâtrale. Elle sera jouée (dans tous les sens du terme) le 13 novembre à la Cité de la musique par le clarinettiste Martin Adámek qui se fera aussi danseur et même un peu comédien pour l’occasion. Un vrai défi !  

Harlequin de Karlheinz Stockhausen est une pièce surprenante et même tout à fait fascinante. Et l’une des raisons est qu’elle est intégralement chorégraphiée. Créée en 1975, l’œuvre existe en plusieurs versions : dans l’une, un joueur de tambour « remplace » les mouvements du clarinettiste par ses battements, dans une autre le clarinettiste est tout simplement accompagné sur scène par un•e danseur•se professionnel•le. Mais je n’ai pas hésité un instant : pour moi, la vraie aventure était d’incarner Harlequin, seul en scène. Et pourtant, quel défi ! Jouer de la clarinette, c’est déjà compliqué, danser, n’en parlons pas… alors faire les deux en même temps, en sautant, piétinant, courant, claquetant ?

Harlequin, c’est évidemment le personnage bien connu de la Commedia dell’Arte, que Stockhausen revisite, sous la forme d’un clarinettiste. Il écrit : « Harlequin est à présent un musicien des pieds à la tête. Venu des hauteurs, il descend en spirale et, finalement, livre toute sa mélodie à genoux, très près du public, en lui faisant face ; puis il remonte dans les hauteurs, en spirale à nouveau. Du messager enchanté des rêves naissent successivement le constructeur joueur, le lyrique énamouré, le professeur pédant, le bouffon espiègle, le danseur passionné et finalement l’esprit exalté du Derviche tourneur avec ses cris d’oiseaux. »
Dès le départ, mon ambition a été d’arriver au point où je serais capable de captiver le public, la musique et mes mouvements sur scène se transformant réciproquement de manière aussi naturelle que possible. Et pour arriver à ce résultat, l’aide de la chorégraphe et danseuse Anna Chirescu a été réellement indispensable pour travailler la pièce. Au tout début des répétitions, mon « répertoire » de gestes était très limité. J’avais tendance à faire souvent les mêmes mouvements. C’est pour moi, avec l’intense préparation physique nécessaire, l’un des grands enjeux de l’œuvre : parce que les motifs musicaux peuvent être assez répétitifs et parfois monotones, il faut véritablement devenir soi-même un « danseur passionné » pour toujours surprendre les spectateurs !

 

Propos recueillis par Jérémie Szpirglas

 

Photos (de haut en bas) : Martin Adámek © Franck Ferville / EIC