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« Time & Money » de Pierre Jodlowski.

Éclairage Par Samuel Favre, le 28/11/2023

Le 8 décembre prochain, à la Cité de la musique, Samuel Favre sera l’interprète/performeur de Time & Money de Pierre Jodlowski, compositeur en constante recherche d’interactions entre création musicale et nouvelles technologies multimédia. Le percussionniste de l’EIC livre sa vision de cette pièce saisissante créée il a déjà presque vingt ans mais toujours aussi actuelle.

« Comme souvent avec Pierre Jodlowski, Time & Money est plus une performance, un objet esthétique, visuel, sonore et théâtral, qu’une œuvre musicale stricto sensu : accompagnée d’une vidéo signée Vincent Meyer, elle est quasi mise en scène et recourt également à des accessoires autant sonores que visuels. Pierre a d’ailleurs la particularité d’être un des très rares compositeurs qui maitrisent toute la chaine de production de leurs pièces : il compose la partition, coréalise la vidéo, programme lui-même l’électronique. Ça se ressent très fortement dans la partition, rien n’est laissé au hasard, et j’ai l’impression que tout est pensé du point de vue de l’interprète, comme s’il pouvait lui-même jouer sa pièce. Cela m’incite d’ailleurs à m’investir plus encore. Le travail d’interprétation va bien au-delà du musical : il me faut incarner un personnage.

La pièce porte à cet égard, et sans aucun doute possible, la marque de son créateur, le percussionniste Jean Geoffroy (vidéo ci-dessous), pour lequel Pierre l’a composée : par exemple, toute l’introduction, qui se joue sur une sorte de cube, avec une chorégraphie et des déclenchements d’échantillons sonores à la pédale, rappelle le travail que Jean faisait à l’époque avec Thierry De Mey. C’est d’ailleurs très amusant à jouer !

Composée en 2004, Time & Money est conçue comme le premier volet d’un cycle intitulé Lifetime, qui comprend également Labyrinthe (2005) et People / Time (2003). Pierre y creuse ses préoccupations de l’époque : le temps et l’argent, comme le titre l’indique — et la vidéo comme l’électronique sont pleines de pièces de monnaie et d’horloges. Certaines sections sont incroyablement rapides et, franchement, la pièce dégage une énergie phénoménale ! Jusqu’à évoquer un véritable groove. Cependant la rythmique relève plus du débit que du groove, et la partition est manifestement composée pour un percussionniste, pas pour un batteur, même si on se sert de tous les éléments de la batterie. Pierre préfère d’ailleurs qu’on joue debout : on ne peut donc pas jouer de la batterie comme on le ferait normalement. Tout cela fait que c’est une pièce puissante, cohérente et persuasive, qui laisse une empreinte durable. »

Propos recueillis par Jérémie Szpirglas

 

Photo © EIC