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Une académie à Donostia. Entretien avec Ramon Lazkano, compositeur.

Entretien Par Jean-Christophe Montrency, le 22/04/2022

 

À la fin de ce mois d’avril, plusieurs solistes de l’EIC poseront bagages et instruments dans la ville balnéaire de Donostia (San Sebastian en espagnol) au Pays Basque espagnol pour une résidence auprès des étudiants du Musikene (l’École Supérieure de Musique du Pays Basque). Ils seront notamment accueillis par le compositeur Ramon Lazkano, qui y enseigne la composition. Celui-ci nous en dit un peu plus sur les tenants et aboutissants de cette académie en petit format.


Ramon, comment est née cette petite académie du Musikene, animée par des solistes de l’Ensemble intercontemporain ?
Voilà quelques années que nous essayons, à Musikene, d’offrir à nos étudiants (aussi bien en composition qu’en instruments ou en musique de chambre) la possibilité de travailler avec de grands musiciens, connaisseurs émérites des techniques et du répertoire contemporains. Nous voulons mettre les apprentis compositeurs en situation « critique » de création : en l’occurrence, qu’ils puissent, d’une part, être confrontés aux attentes artistiques et musicales de l’Ensemble intercontemporain et, d’autre part, espérer les meilleures conditions d’interprétation et de présentation publiques de leurs œuvres écrites pour l’occasion. Nous sommes très heureux que l’Ensemble intercontemporain ait accepté notre proposition et de pouvoir accueillir ses merveilleux musiciens à Donostia !


Comment se déroule l’académie ?
Nous avons eu une première réunion préparatoire en ligne l’automne dernier. Puis, au mois de janvier, les compositeurs se sont rendus à Paris afin de rencontrer les musiciens de l’Ensemble intercontemporain et de travailler avec eux sur des ébauches et des fragments des pièces en cours (photo ci-dessous). Enfin, nous accueillerons au mois d’avril neuf solistes de l’Ensemble à Donostia, où ils répéteront et créeront les œuvres achevées lors d’un concert public à l’Auditorium Musikene, tout en animant des master-classes d’instruments et de musique de chambre.


Comment cela s’inscrit-il dans le cursus des étudiants ?
Cette académie s’adresse en priorité aux élèves de Master, mais, d’un commun accord, nous avons décidé de la proposer également à deux étudiants en fin de Licence, afin qu’ils puissent profiter de cette occasion exceptionnelle. En plus de faire partie du contenu du Master en Création Musicale, cette mini-résidence est rattachée aux pratiques de travail d’ensemble et aux projets externes. Les étudiants doivent agir de manière presque autonome, non seulement en ce qui concerne la composition, mais aussi pour la production et dans leurs rapports avec l’ensemble.

 

Que représente cette expérience pour les étudiants ?
Je pense que les étudiants sont tous très enthousiastes de pouvoir travailler leur musique avec des instrumentistes de cette qualité, au point de se sentir parfois un peu intimidés ! Pour la plupart, c’est la première occasion qu’ils ont de collaborer avec un ensemble venant de l’étranger et d’une telle réputation. Les dimensions artistiques et émotionnelles sont grandes, de celles qui laisseront des souvenirs et des traces indélébiles.


Cette mini académie sera ponctuée d’un concert donné par les solistes de l’Ensemble intercontemporain : comment ce programme a-t-il été conçu ?
Nous voulions absolument profiter de la présence de l’Ensemble intercontemporain pour présenter un concert-portrait de son répertoire le 27 avril. Nous en avons parlé avec Donostia Kultura, qui gère la programmation culturelle de la ville, et qui nous a immédiatement fait part de son intérêt. La ville a demandé qu’on inclut une œuvre d’un compositeur de chez nous — mais la proposition de ce beau programme émane de l’EIC : des œuvres génétiquement liées à l’Ensemble, des formations changeantes, des compositeurs et des compositrices de générations différentes… C’est un programme-kaléidoscope aux visages multiples pour toutes les soifs et toutes les humeurs, adapté aux conditions contraignantes que nous traversons.

Photos (de haut en bas) : © Franck Ferville / © EIC