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« Játékok » de György Kurtág.

Éclairage Par György Kurtág, le 28/03/2019

Játékok (Jeux) de György Kurtág est, à l’origine, une série de courtes œuvres pour piano conçue pour familiariser les enfants avec les modes de jeu de la musique contemporaine, et ce de la façon la plus ludique possible. Composés sur quatre décennies les Játékok sont devenus, avec le temps, un vaste laboratoire d’idées musicales. Voilà qui méritait bien un petit éclairage du grand compositeur hongrois dont quelques uns des Játékok  seront joués le samedi 30 mars à la philharmonie de Paris.

L’idée de composer les Játékok (Jeux) est venue d’enfants jouant spontanément, d’enfants pour qui le piano représente encore un jouet. Ils l’expérimentent, le caressent, l’attaquent et parcourent leurs doigts sur le clavier. Ils enchaînent des sons apparemment déconnectés, et si d’aventure cela éveille leur instinct musical ils recherchent consciemment certaines des harmonies trouvées par hasard et ne cessent de les répéter. Ainsi, cette série n’est pas un guide, ni simplement une collection de pièces. C’est une invitation à expérimenter et non pas à apprendre « à jouer du piano ».

Le plaisir dans le jeu, la joie du mouvement – audacieux, et si besoin des mouvements rapides sur tout le clavier dès les premières leçons plutôt que de tâtonner maladroitement à chercher les notes et compter les rythmes – toutes ces idées plutôt vagues se trouvaient au début de la création de cette collection.

Jouer, tout simplement, jouer. Cela exige beaucoup de liberté et d’initiative de la part de l’interprète. En aucun cas, l’image écrite doit être prise au sérieux, mais l’image écrite doit être prise très au sérieux lorsqu’il s’agit du processus musical, de la qualité du son et du silence. Nous devrions faire confiance à l’image résultant des notes imprimées et la laisser exercer son influence sur nous. L’image graphique transmet une idée de la disposition temporelle même dans les pièces les plus libres. Nous devrions faire usage de tout ce que nous savons et nous souvenir de la déclamation libre, du parlando-rubato de la musique folklorique, du chant grégorien et de tout ce que la pratique de l’improvisation musicale a apportée. Abordons courageusement même la tâche la plus difficile, sans avoir peur de faire des erreurs : nous devrions essayer de créer des proportions valables, unité et continuité à partir des valeurs longues et courtes , uniquement pour notre propre plaisir !

 

Photo © Philippe Gontier