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Retour sur 2015-16. John Stulz, altiste : « une saison de premières ».

Entretien Par Jéremie Szpirglas, le 12/07/2016


Une saison s’achève, une autre s’annonce. Quelques solistes partagent avec nous leurs expériences les plus marquantes  en 2015-16. Entretien en forme de petit bilan avec le dernier musicien entré à l’Ensemble intercontemporain : l’altiste John Stulz.

John, quels ont été  les grands moments de votre saison 2015-16 ?

Cette saison a été ma toute première en tant que soliste de l’Ensemble ! Donc tout m’a paru neuf, un grand espace de découverte. Mais si je devais choisir, je parlerais de notre tournée aux États-Unis (mon pays), de la création de Le Encantadas… d’Olga Neuwirth, et des cinq semaines de recherche à Charleroi pour le spectacle SIMPLEXITY la beauté du geste (photo ci-dessous) avec Thierry De Mey. Et puis les répétitions de musique de chambre de George Crumb, Arnold Schönberg, et Jonathan Harvey, le travail avec les étudiants du Conservatoire de Paris pour le fantastique concert Gruppen de Karlheinz Stockhausen. Enfin, plus significatif encore, mais dans un tonalité plus triste : les hommages à Pierre Boulez, qui fut l’une des idoles de ma jeunesse.


Quels sont les grands axes de la démarche actuelle de l’EIC auxquels vous vous identifiez particulièrement ?

Ce sont sans doute les projets transdisciplinaires, à l’instar de SIMPLEXITY la beauté du geste, du spectacle autour du Voyage d’hiver de Schubert ou de No More Masterpieces (photo ci-dessous) par le Collectif 331/3 sur une musique de Wolfgang Rihm. Je n’ai jamais pensé en termes de disciplines : pour moi, chaque métier est une forme de philosophie vivante. En tant que musiciens, nous pensons avec le son, mais ce sont les mêmes interrogations, les mêmes réflexions, qui préoccupent les artistes des autres disciplines — et pas seulement les disciplines artistiques. Nous sommes déjà engagés dans ce chemin, mais il reste encore un panthéon des penseurs et artistes transdisciplinaires français susceptibles de collaborer avec nous sur la durée, comme Bruno Latour, Jérôme Bel, Yona Friedman, Dominique Gonzalez-Foerster, Pierre Huyghe, ou même certains physiciens du CERN. Il y a en France une aspiration historique à s’affranchir des frontières disciplinaires : j’y vois l’un des principaux liens culturels entre la France et les États-Unis, et j’aimerais pouvoir poursuivre dans cette direction nomade.


Quels seront les grands rendez-vous de la saison prochaine ?

Comme cette saison, tout sera neuf pour moi et cela me plait beaucoup. Ce sera ainsi mes premières expériences avec les grandes pièces de Pierre Boulez (Répons {photo ci-dessous}, Dérive 2, …explosante- fixe…), ma première fois en tant que coach dans le cadre de l’Académie du Festival de Lucerne, ma première tournée en Asie, avec à la clef de nombreuses créations. Et puis ce sera un honneur de célébrer avec mes collègues les quarante ans de cette institution à mon sens absolument nécessaire qu’est l’Ensemble intercontemporain.

 

Photos de haut en bas : 1 et 2 © Franck Ferville / 3 et 4 © Luc Hossepied pour l’Ensemble intercontemporain.