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Retour sur 2015-16. Hae-Sun Kang, violoniste : « créer et transmettre ».

Entretien Par Jéremie Szpirglas, le 20/07/2016


Une saison s’achève, une autre s’annonce. Quelques solistes partagent avec nous leurs expériences les plus marquantes en 2015-16. Entretien en forme de petit bilan avec la violoniste Hae-Sun Kang.

Hae-Sun, quels ont été les moments marquants de votre saison 2015-16 ?

Le moment le plus important a sans doute été la création de la version pour violon et ensemble de Mar’eh, de Matthias Pintscher (photo ci-dessous). L’œuvre me tient à cœur et je suis particulièrement honorée que Matthias ait accepté d’en concevoir une version sur mesure pour l’Ensemble intercontemporain et moi-même. Nous avions déjà travaillé tous les deux sur la version avec orchestre, et ce fut donc l’occasion de fort agréables retrouvailles. J’aime la confiance réciproque qui s’établit ainsi entre un interprète, un compositeur, qui est ici le chef de surcroit — je m’y sens très à l’aise pour exprimer ce que je ressens. Ce sont des moments rares pour un interprète.

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Cette création mise à part, je dois évidemment parler de nos tournées, et notamment celles aux États-Unis et en Chine. Cette dernière fut du reste la source de très bonnes surprises. Nous avons été magnifiquement accueillis et les rencontres avec les compositeurs locaux ont été très intéressantes… J’y ai notamment retrouvé de jeunes compositeurs ayant participé au Cursus de l’Ircam, que j’avais connu parce que mes élèves avaient interprété leurs pièces. De retour en Chine, ils y sont très actifs et défrichent des horizons esthétiques qui leur sont propres. L’expérience est donc éminemment positive, et je veux continuer à soutenir ce genre de parcours.

À quels axes de la démarche actuelle de l’Ensemble intercontemporain vous identifiez-vous particulièrement ?

Comme je le disais à l’instant, les dialogues noués au cours des tournées m’importent beaucoup, de même que les relations que l’Ensemble forge avec les jeunes musiciens, qu’ils soient interprètes ou compositeurs. La transmission représente déjà une grande part de mon activité en dehors de l’Ensemble, au Conservatoire de Paris notamment, mais j’y tiens également dans le cadre de l’Ensemble. Les étudiants, tous très motivés, ont besoin de guide dans leurs cheminements.

Quels sont les grands rendez-vous de la prochaine saison ?

La tournée en Corée, bien sûr ! L’Ensemble intercontemporain n’y a jamais été et, en tant que coréenne, c’est évidemment un événement pour moi. Du point de vue musical, et particulièrement de la scène contemporaine, la Corée est un peu plus en avance que la Chine (il y a par exemple en Corée un excellent ensemble spécialisé en musique contemporaine), mais les problématiques sont identiques à celles qu’on a pu observer l’an dernier lors de notre précédente tournée asiatique : y faire de la création reste très difficile, de même que trouver la bonne formule pour faire évoluer les esprits. En y allant avec l’Ensemble intercontemporain, je veux montrer à mes compatriotes ce que peut être la musique contemporaine : la musique ne se résume pas à Brahms et on peut jouer les œuvres d’aujourd’hui avec sérieux et plaisir. Il s’agit là encore de montrer l’exemple.

 Lotte  Concert Hall, Séoul

Concernant le répertoire que nous y jouerons, nous avons cherché des pièces qui mettent en avant les relations musicales entre l’Europe et la Corée — je rejouerai notamment Mar’eh de Matthias Pintscher. Nous avons aussi voulu donner un coup de projecteur sur la scène contemporaine coréenne qui est riche de nombreux compositeurs : à nous de les jouer et de les promouvoir ! Et puis nous tiendrons comme d’habitude des ateliers avec les jeunes créateurs et interprètes coréens, ce dont je me réjouis d’avance…

 

Photos (de haut en bas) : 1 © Franck Ferville / 2 © Luc Hossepied pour l’Ensemble intercontemporain / 3 © DR