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Retour sur la saison 2014-2015 : Philippe Grauvogel, hauboïste

Entretien Par Lou Madjar, le 17/07/2015

Philippe Grauvogel - Hautboïste
La saison 2014-2015 est maintenant terminée et quelques solistes de l’Ensemble intercontemporain nous livrent leur regard sur une année riche et contrastée. Philippe Grauvogel, hauboiste, en témoigne dans cet entretien.
Quels ont été selon vous les moments forts de cette saison 2014-15 ? 
On aurait envie de dire que la saison passée, comme toutes les saisons passées et, à n’en pas douter, les saisons à venir, a été un moment fort en elle-même ! L’Ensemble intercontemporain évolue, par définition, dans le répertoire des XXe et XXIe siècles et a pour vocation de stimuler la création. Nous sommes constamment amenés à découvrir et à prospecter tant les œuvres que les compositeurs — ce qui, dans le monde musical et artistique, est une force unique et précieuse.
S’il fallait, cependant, retenir des moments particuliers, ce serait pour moi l’inauguration de la Philharmonie de Paris et le 90ème anniversaire de Pierre Boulez, avec le « Grand Soir » qui lui était consacré, ainsi que, plus récemment, le concert Répons dans la Grande Salle de la Philharmonie de Paris (photo ci-dessous).
Nous avons eu la chance, en tant que résidents de la Philharmonie de Paris et musiciens de cet Ensemble crée par Pierre Boulez, d’être au devant de la scène pour ces évènements qui, je crois, nous auront tous marqués et ne se renouvelleront pas de si tôt.
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De manière plus générale, quel est votre ressenti sur les diverses activités menées cette saison ?
La programmation de cette saison a été d’une très grande richesse. Nous avons continué, et nous continuerons, de donner des concerts dans le format particulier des soirées Turbulences, qui attirent un public nombreux et curieux. Notre relation avec le public y est très différente du concert traditionnel et cette démarche contribue à renouveler sans cesse notre manière de penser les modes de représentation de nos musiques.
Depuis son arrivée, Matthias Pintscher nous amène ainsi à multiplier les formats du concert. Si nous nous produisons principalement en concert « traditionnel » d’ensemble, de musique de chambre ou en soliste, nous avons cette année créé l’opéra Solaris de Dai Fujikura (photo ci-dessous) et repris le ballet L’Anatomie de la Sensation de Wayne McGregor, sur une musique de Mark Anthony Turnage à l’Opéra de Paris. Le succès public indéniable de ces expériences conforte, à mon avis, l’idée que la multiplicité des propositions et des formats nous amène une plus grande visibilité mais aussi un nouveau public.
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Conformément aux souhaits artistiques de Matthias Pintscher, nous avons également joué de grands classiques du répertoire, comme le Chant de la Terre de Mahler ou le Voyage d’Hiver de Schubert dans une production notamment enrichie par une création musicale pour ensemble de Mark André dialoguant avec ce chef-d’œuvre. A cet égard, cette saison se situe dans la continuité de la précédente durant laquelle nous avions retrouvé Mozart avec sa Gran Partita, et nous poursuivrons sur notre lancée la saison prochaine durant laquelle nous retrouverons par exemple la musique de Jean-Sébastien Bach. Si nous formons un ensemble spécialisé dans la création et la musique dite contemporaine, nous sommes tous issus d’une formation classique. Interpréter ce magnifique répertoire classique reste un précieux moment musical, comme un retour aux sources.
Bien entendu, la pédagogie est essentielle dans les activités de l’Ensemble et aujourd’hui plus que jamais, de par notre résidence à la Philharmonie de Paris, dont l’un des aspects prioritaires est la transmission. Nous avons ainsi collaboré avec le Conservatoire de Paris lors d’un exceptionnel concert, au cours duquel nous avons joué ensemble Pli selon Pli de Pierre Boulez et Amériques d’Edgard Varèse dans la grande salle de la Philharmonie de Paris, une salle taillée sur mesure pour nous, nous en sommes désormais convaincus… en toute simplicité !
La Philharmonie est le lieu naturel d’un rapprochement avec les autres formations, en résidence ou associées, pour concevoir avec elles de fructueux projets en collaboration — preuve, s’il en est, que nos langages musicaux, qu’ils soient baroques, classiques, contemporains, sont complémentaires et universels en dépit de leur apparent éloignement. C’est ainsi que nous avons inauguré les « Classics Lab » avec les musiciens des Arts Florissants (photo ci-dessous) et travaillons à étendre nos échanges avec tous les acteurs de la Philharmonie de Paris.
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Quels rendez-vous attendez-vous avec le plus d’impatience la saison prochaine ?
La saison prochaine est en continuité avec le projet artistique initié par Matthias Pintscher depuis son arrivée et sera une nouvelle fois riche et éclectique. Nous retrouverons ainsi l’opéra avec la création de Giordano Bruno de Francesco Filidei ; nous renouerons avec l’ambiance des week-ends avec les Turbulences numériques, dont je suis moi-même très curieux de découvrir la tournure et l’impact. Idem pour le projet Musique augmentée de Patricia Alessandrini, qui se déclinera en quatre ateliers/performances tout au long de l’année à la Gaîté Lyrique.
Nous poursuivrons nos échanges avec le Conservatoire de Paris, avec notamment Gruppen de Karlheinz Stockhausen, qui n’est pas une mince affaire !
Enfin, nous aurons la chance de promouvoir notre musique et notre Ensemble bien au delà des frontières européennes avec les deux tournées exceptionnelles en Chine et aux Etats-Unis.