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Sept nouveaux visages de la création musicale.

Éclairage By Ensemble intercontemporain, le 28/02/2023

À l’occasion de la deuxième édition du Tremplin de la création le 11 mars à la Philharmonie de Paris, l’Ensemble intercontemporain met un coup de projecteur sur sept créations de sept jeunes compositeurs et compositrices de diverses nationalités.  

 

Emmanuelle Da Costa 

  • La création : Albiréo, pour seize instruments

Emmanuelle Da Costa : « Albiréo tient son nom d’une double étoile aux couleurs particulièrement contrastées, située dans la constellation du cygne. Dans la pièce, cette dualité s’illustre par la dialectique entre une approche statique et suspendue de la temporalité, et une approche plus dynamique et pulsée. La musique se construit autour d’impacts résonants qui, tout au long de la pièce, donnent lieu à des jeux de couleurs, à des textures et à des densités variables. Un tissu harmonique, plus ou moins opaque, est ainsi créé, aux lignes polyphoniques parfois indéfinissables. 

Les résonances s’étirent, se diffractent, se transforment, se colorent, ou bien se désagrègent en une multitude de notes répétées et explosées dans l’espace, jusqu’à se disperser. Le matériau sonore résiduel finit par disparaître totalement, en se dilatant dans le silence. »

  • La compositrice

Née en 1988, Emmanuelle Da Costa s’est formée à la composition au CRR de Saint-Étienne auprès de Pascale Jakubowski ainsi qu’à la direction de chœur avec Maëlle Defoin-Gaudet, avant d’entrer au CNSMD de Lyon dans les classes de David Chappuis et Luca Antignani. Elle a prolongé sa formation avec Diego Losa en composition électroacoustique et est titulaire d’un master en musicologie à l’Université Jean Monnet de Saint-Étienne. Elle a eu l’opportunité de collaborer avec la Maîtrise de Radio France, le Chœur et Orchestre des Jeunes – Orchestre des Champs-Élysées, l’Institut Français d’Art Choral, la Maîtrise de la Loire, la Maîtrise de Toulouse, l’Ensemble Orchestral Contemporain, les chœurs Dulci Jubilo, Artmilles, Voices 21C, Syllepse… Elle reçoit par ailleurs des commandes de divers ensembles, festivals et institutions, dont l’Ensemble intercontemporain, Canticum Novum, l’Espace culturel de Chaillol, le Festival Superspectives, European Patent Office… Elle est lauréate du Mécénat Musical de la Société Générale pour l’année 2021-2022 et bénéficie de l’aide à l’écriture d’une œuvre originale de la DRAC Auvergne Rhône-Alpes pour son opéra Le Château des Carpathes en 2022.
emmanuelledacosta.com

  • Une œuvre

Les Dentelles du Cygne, au Festival Empreintes du CNSMD de Lyon sous la direction de Fabrice Pierre, 2021 :


Matthew Schultheis

  • La création : interferer, pour quinze instruments 

Matthew Schultheis : « interferer vient de l’idée d’une pièce qui ferait dériver une virtuosité frénétique et nerveuse vers des textures beaucoup plus calmes, spacieuses. Cette évolution entre les deux extrêmes sonores occupe la première moitié de ma pièce. Les bois, tourmentés et agités, s’adoucissent et descendent progressivement dans le grave, après une interaction avec le célesta et la harpe, entrés eux-aussi avec véhémence, avant que la musique ne cède la place à un long solo de piano accompagné par les cordes. Cependant, au fur et à mesure que j’écrivais, je résistais à cette trajectoire, la trouvant trop simpliste et susceptible de tomber dans le thème cliché du triomphe sur l’adversité. En réaction à cette résistance, j’ai eu l’idée d’intégrer une troisième texture, intrusive, à laquelle le titre fait référence. Cet invité indésirable, qui supplante le dialogue entre les deux textures opposées, est représenté tout au long de la pièce par une plaque-tonnerre. Dans la seconde moitié de la pièce, cet “intrus” s’empare du matériau, qu’il colore de suspense et d’une intensité renouvelée, jusqu’à ce qu’il submerge complètement l’ensemble et conduise la musique vers une conclusion abrupte, brutale. »

  • Le compositeur

Né dans la région de Washington D.C. en 1997 et basé à New York, Matthew Schultheis poursuit ses études doctorales à la Juilliard School, où il obtient un master en 2022 et bénéficie des cours de Matthias Pintscher. Il obtient son diplôme de premier cycle en composition, tout en étudiant le piano à l’École de musique Jacobs de l’Université d’Indiana. Il a collaboré avec l’Orchestre symphonique de Tokyo, les quatuors Attacca, Mivos et JACK, le IUNew Music Ensemble et Sound Icon. Il a participé aux festivals du Bowdoin College, au Brevard Music Center, à New Music On the Point, à SUNY-Purchase (avec le National Youth Orchestra) et à l’Institut EAMA-Nadia Boulanger. Il a été récompensé de trois prix consécutifs du BMI (Broadcast Music Incorporated) consacrés aux compositeurs étudiants. En 2021, sa première composition pour orchestre, Columbia, In Old Age, reçoit le prix Palmer Dixon de la Juilliard School comme l’œuvre la plus remarquable de l’année.
matthewschultheis.com

  • Une œuvre

Columbia, In Old Age, par le Tokyo Symphony Orchestra dirigé par Matthias Pintscher au Suntory Hall, 2021 :

 

Lisa Heute 

  • La création : Les Souterrains de l’âme, pour seize instruments 

Lisa Heute : « Les Souterrains de l’Âme évoque l’idée d’une volonté obsessionnelle de construire, dans un univers dont la destruction est programmée. Un chant intérieur, passionné et fougueux parcourt la pièce, comme un enthousiasme absurde et aveugle, à ériger une cité métaphorique. Une mélodie transversale, aux allures d’improvisation libre et spontanée, se construit et circule à travers les différents timbres de l’ensemble, dans un souffle sans cesse renouvelé. Évoluant vers un canevas rythmique oppressant et sans cesse en mouvement, cet élan se transforme, se désintègre, renaît de ses cendres, et toujours, avance. » 

  • La compositrice

Compositrice et accordéoniste née en 1991, Lisa Heute s’est formée au CNSMD de Lyon et à l’ESM Bourgogne Franche-Comté. Le lien avec l’interprète est au centre de son travail compositionnel, ce qui l’amène à cultiver les échanges avec les ensembles renommés issus de différentes esthétiques. Elle écrit pour différents ensembles comme l’Ensemble intercontemporain, le trio K/D/M, l’Ensemble Ars Nova, le Tokyo Sinfonietta Orchestra, le Quatuor Hélios, le Trio Messiaen, le Chœur et Orchestre de jeunes des Champs-Élysées (sous la direction de Mathieu Romano). Ses pièces sont jouées dans de nombreux festivals : Brighton Festival, Festival Ars Terra, Présences Compositrice, Superspectives, Le vent sur l’arbre, Les Hémisphères, Why Note, Lyncéus Festival notamment, et lieux de création (Le Panthéon, la Cité de la voix à Vézelay, l’Abbaye de Fontevraud…). Elle est lauréate du concours international de composition initié par l’orchestre d’Harmonie la Sirène de Paris en 2022.
lisaheute.wordpresse.com

  • Une œuvre

Sextuor joué par le Tokyo Sinfonietta, 2021 :


Jaehyuck Choi 

  • La création : Straight to Heaven, pour quinze instruments 

Jaehyuck Choi : « L’imagination est un fascinant processus et résultat de la pensée. Lorsque nous sommes en train d’imaginer, nos sens, la logique et une intuition indescriptible entrent en jeu.
L’un de mes parfums préférés, « Straight to Heaven » me transporte dans des endroits surréalistes à chaque fois que je le porte. Lorsque je suis entraîné dans un lieu inconnu par ce merveilleux parfum, j’aperçois des bulles fragiles en suspension avec des couleurs et des personnages. Je vis l’illusion du son qui se reflète dans la bulle.
C’est notre désir et notre ambition d’atteindre les choses qui dépassent légèrement ce que nous pouvons toucher du bout des doigts. Ceci, pour moi, est la beauté. »

  • Le compositeur

Le compositeur sud-coréen Jaehyuck Choi, né en 1994, est également chef-d’orchestre et directeur musical de l’ensemble blank. Diplômé de la Walnut Hill School for the Arts (2013), de la Juilliard School (2017 ; 2019) et de la Barenboim-Said Akademie (2023), Choi a dirigé le London Symphony Orchestra, le Tonhalle-Orchester Zürich, l’Ensemble intercontemporain, le Trondheim Symphony, l’Orchestre symphonique de Kiev, le Wiener Festspiele Orchester, le Berlin Sinfonietta, l’ensemble Divertimento, l’ensemble FontanaMix, le Victoria Hall de Genève, le Daejeon Philharmonic, le Bucheon Philharmonic, le Gyeonggi Philharmonic, le Pardubice Chamber Philharmonic. Son concerto pour clarinette (2017) lui a valu le premier prix du prestigieux 72e Concours de Genève. Depuis, il reçoit des commandes et sa musique a été interprétée notamment par le Parker Quartet, le Menuhin International Violin Competition, le Banff Centre for the Arts and Creativity, le VIVO Music Festival, Chamber Music Columbus, l’ensemble Divertimento, l’ensemble FontanaMix, l’ensemble SORI, le Tonkünstler Orchester, le Daejeon Philharmonic, le Gyeonggi Philharmonic, l’Orchestre de Chambre de Genève.
jaehyuckchoi.com

  • Une œuvre

With Winds II pour quatuor à cordes, 2021 :


Manuela Guerra 

  • La création : Abissum I (abissus invocat), pour seize instruments 

Manuela Guerra : « La pièce décrit le parcours d’un corps indéfini qui tombe, de plus en plus bas, vers un oubli infini. Chaque fois qu’il pense toucher le fond, s’ouvre un passage encore plus profond. De cette image, vient l’expression latine Abissus Abissum invocat, « l’abîme invoque l’abîme ». La pièce peint au début des sonorités sombres et profondes, marquées par le retour cyclique d’un élément dans le grave, qui signale l’apparition d’un passage toujours plus profond, construisant ainsi un vortex d’abîmes enchaînées. Par la suite le point de vue change : l’attention se porte sur le sujet et sa perception, les sons décrivent la violence inhérente à cette chute dans l’oubli. L’obscurité s’arrête pour laisser place aux voix et aux tourments, tel un délire psychologique auquel ne peut échapper une fine ligne sonore de lumière. La pièce reflète alors la souffrance de l’impuissance humaine face aux événements. Cependant, le mouvement de la dernière partie est plus dynamique, comme pour communiquer un certain désir de se relever, un désir de lumière, en écho au « Il lamento di Arianna » de Monteverdi. Pression et résistance s’opposent à cette masse sonore, qui ne connaît pas de résolution mais seulement une ouverture infinie vers l’obscurité, ou peut-être vers la lumière. »

  • La compositrice

Née en 1996 dans la région des Pouilles en Italie, Manuela Guerra étudie au conservatoire de Foggia dans la classe de Daniele Bravi et à l’académie Sibelius d’Helsinki, avant de poursuivre sa formation dans la Haute école de musique de Genève où elle obtient un master de composition en 2022 dans les classes de Michael Jarrell, Louis Naón et Gilbert Nouno. Ses œuvres ont été jouées dans les festivals Archipel, OutHear New Music Week, Mixtur, 8th St. Petersburg International New Music Festival, Rondò, Kaivos. Elle a travaillé avec des artistes tels qu’Anna d’Errico et Keiko Murakami et des ensembles comme le Klangforum Wien, Quatuor Asassello, Quartetto Sincronie, Vertixe Sonora, Divertimento Ensemble et Ensemble Contrechamps. Dans le cadre de la prochaine saison du programme Création Mondiale de Radio France, elle compose une nouvelle œuvre pour le Duo Face à Face

  • Une œuvre

Trauma (the tears of things), par l’Orchestra HEM de Genève dirigé par Clement Power, avec la soprano Borbála Szuromi, 2022 :

 

Tom Bierton

  • La création : Loess, pour seize instruments

Tom Bierton : « Lœss.
Roche sédimentaire.
Coagulation de farine de rocher, meulée au début du quaternaire par le rouleau compresseur des glaciers en expansion.
Poussière retournée à la pierre, selon l’Évangile de l’ère du froid.
Des millions d’années plus tard, elle trace un maillage de motifs répétitifs sur la peau des steppes ; tissu de montagnes courtes aux courbes souples, ridulées par l’érosion comme autant de visages éplorés.
Ces terres sauvages, froides et mornes envoûtent. Elles ont la force d’évocation de la brume fuyant la bouche des nomades qui chantonnent pour accueillir le givre ; celle plus épaisse voilant les flancs de leurs montures.
On voudrait y entendre, par delà les millénaires, le râle sépulcral des glaciers, dont la roche conserve la mémoire, inscrite dans chacune de ses cellules de limon.
C’est un tableau monochrome et délicatement aride, qui impose de ralentir, de cesser de brasser.
Qui appelle à s’extirper de la gigoteuse étouffante du confort moderne.
Une invitation à la sauvagerie de l’immobile. »

  • Le compositeur 

Né en Haute-Savoie en 1991, Tom Bierton est titulaire d’un master de composition instrumentale et électronique au Conservatoire de Paris (CNSMDP), dans les classes de Gérard Pesson, Luis Naon et Yan Maresz, formation qu’il poursuit à l’Ircam encadré par Thierry de Mey. Convaincu de l’importance sociale de l’art et de la nécessité de son accessibilité, Tom Bierton collabore régulièrement avec l’association Tournesol – artistes à l’hôpital, et participe également à des projets de création collective auprès d’enfants et adolescents avec l’ensemble Cairn et la Maison de la Musique Contemporaine. Artiste touche à tout, tour à tour poète, plasticien ou réalisateur de courts métrages, compositeur de chansons ou de musiques de films, il trouve sa liberté dans la diversité des styles et des formes. Tom Bierton a été bénéficiaire des œuvres de la fondation Meyer et du mécénat musical de la Société Générale.
tombierton.com

  • Une œuvre

Suffuse, shape static (as the pendulum splits and shivers) pour harpe préparée, guitare, deux violons et deux pianos préparés, sous la direction de Simon Proust, 2015 :

 

Lanqing Ding 

  • La création : Élégie, pour neuf instruments 

Lanqing Ding : « Une chambre, un train, un repas, un animal, une personne… tout ce qui nous accompagne ne représente qu’une période ou un instant de notre existence. Mais ces choses nous laissent cependant des traces, des souvenirs qui, eux, persisteront toute la vie.
L’élégie ritualisée, en mémoire mon amie Heidi Kim. » 

  • La compositrice 

Lanqing Ding est une compositrice d’origine chinoise née en 1990. Après sa formation musicale au Conservatoire de Shanghai, elle rejoint l’Ircam puis le Conservatoire de Paris (CNSMDP) dans les classes de Guohui Ye, Stefano Gervasoni, Yan Maresz, Luis Noan, Grégoire Lorieux, Tristan Murail, Hèctor Parra et Elmar Lampson. Elle travaille avec de nombreux orchestres et ensembles renommés tels que l’Orchestre philharmonique de Radio France, Shanghai Philharmonic Orchestra, l’Ensemble intercontemporain, l’Ensemble Modern, Neue Vocalsolisten Stuttgart. Elle est amenée à travailler aux côtés de cheffes et chefs d’orchestres comme Peter Rundel, Pedro Amaral, Marzena Diakun, Léo Margue, Guoyong Zhang, Chengjie Zhang, Liang Zhang, notamment. La Cité internationale des arts et l’Académie du Festival d’Aix-en-Provence l’ont accueillie en résidence ; elle est lauréate boursière de la Fondation Meyer, Fondation de France et de la bourse de China Scholarship Council.
lanqingding.com

  • Une œuvre 

Un pour douze musiciens, par l’Ensemble intercontemporain au Conservatoire de Paris (CNSMDP), 2021 :

 

Photos (de haute en bas) : © EIC / DR / © Acadia / © Jorge Arce, Les espaces XAMP / DR / DR / DR / DR