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Monologue pour une araignée mécanique

Éclairage Par Nicolas Crosse, le 26/09/2021

Samedi prochain, à la Cité de la musique, Nicolas Crosse sera l’interprète d’une œuvre hors du commun, Monologue pour une araignée mécanique II, du compositeur colombien Marco Suárez-Cifuentes. Le contrebassiste de l’EIC, habitué des performances les plus atypiques, nous éclaire sur ce surprenant monologue arachnéen présenté dans le cadre de la Nuit blanche à Paris.

Même pour moi, ce Monologue pour une araignée mécanique sort de l’ordinaire, puisque je laisse ma contrebasse au vestiaire. J’avais déjà collaboré avec Marco, très étroitement d’ailleurs, en 2007 sur Máquina Mística, qui était sa pièce de fin de Cursus de composition et d’informatique musicale à l’Ircam, et nous ne nous sommes depuis jamais perdus de vue. Cette fois, c’était sa pièce de sortie de doctorat du Conservatoire de Paris. En collaboration avec le metteur en scène et vidéaste Nieto, Marco a imaginé une sorte d’architecture instrumentale électroacoustique. Dit plus simplement, c’est un méta-instrument à cordes qui ressemble une gigantesque toile d’araignée.
Et sur cette toile, évolue une araignée, justement : c’est-à-dire moi. J’ai dans les mains deux archets avec lesquels je fais vibrer les diverses cordes qui se présentent à moi — cordes de harpe, de contrebasse, de piano, d’une multitude d’instruments différents, plutôt dans le registre grave — et tous les sons produits sont amplifiés et retravaillés en temps réel par l’ordinateur.

Je n’ai pas de partition véritablement écrite, mais le spectacle est réglé au millimètre, dans une articulation fine et intégrée du son et de la scénographie : je dois suivre un chemin prédéterminé, en fonction des lumières qu’a conçues Nieto. Des lumières d’un grand raffinement et d’une précision exceptionnelle, d’ailleurs : parfois, ce n’est qu’un mince filament, qui n’éclaire qu’une corde, et rien d’autre. C’est donc une performance… sur un fil !

 

 

 Extrait vidéo du Monologue pour une araignée mécanique

 

Propos recueillis par Jérémie Szpirglas – Photos © EIC