Afficher le menu

Intérieur.

Éclairage Par Joan Magrané Figuera, le 29/09/2021

Compositeur de la musique d’Intérieur, nouveau spectacle mis en scène par Silvia Costa, qui sera présenté au Théâtre du Châtelet les 22 et 23 octobre, Joan Magrané Figuera revient sur l’origine d’une production aux multiples dimensions.  

Voilà déjà quelques années que Matthias Pintscher m’a parlé d’Intérieur de Maurice Maeterlinck. Il était sûr que cette pièce pouvait m’intéresser — et il ne se trompait pas. Dès la première lecture, je me suis senti profondément ému, touché et, dès ce moment, j’ai commencé à en imaginer une traduction sonore. Plutôt qu’une version opératique ou mélodramatique, tout me portait vers la création d’une ambiance et l’exploration de la poétique du texte afin de l’expliquer avec peu voire pas de mots, et de façon à ce que le public puisse se trouver au milieu de l’action, tout en en devenant quasiment un protagoniste. Aussi, la structure m’est apparue comme transparente : une première partie en forme de prélude pour donner le ton ; une deuxième pour représenter musicalement, sans du tout décrire sinon de manière suggestive, l’accident qui détermine tout ce qui se passe dans l’œuvre ; et, finalement, une troisième partie, plus active, plus explicite, susceptible d’amener toute l’énergie vers la tension finale, vers la résolution suspendue que Maeterlinck nous réserve en conclusion. Une conclusion énigmatique, mais d’une puissante intensité émotionnelle. Comme dans la pièce de Maeterlinck, tout se déroule avec une certaine lenteur. Le texte lui-même est déclamé, dans le vide, une voix unique réunifiant tous les personnages.

Le résultat n’est pas aisé à décrire ou à résumer par un concept. Ce n’est certainement pas un opéra : personne ne chante, et nulle hybridation disciplinaire n’est recherché ici, sur le papier ou sur la scène. C’est même le contraire : nous avons cherché à juxtaposer les arts. Ou, plus exactement, à les présenter chacun dans leur entier, dans toute leur force et leur présence. Il s’agit donc tout à la fois d’une pièce de concert et d’une pièce de théâtre — de musique, de parole, de geste, le tout présenté sans hiérarchie aucune, à sa juste place. La metteuse en scène Silvia Costa est la personne idéale pour catalyser cette alchimie, ouvrir cet espace entre la musique, entre la parole, entre le geste : cet espace qui est celui de la poésie.

Propos recueillis par Jérémie Szpirglas 

Photo © Daniel Campbell