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Mar’eh : « un poème lyrique aux sonorités inouïes. »

Éclairage Par Diego Tosi, le 26/09/2019

Il sera le soliste de Mar’eh, récent concerto pour violon de Matthias Pintscher, le 15 octobre 2019 à la Philharmonie de Paris. Diego Tosi nous livre sa vision personnelle d’une œuvre toute en délicatesse.

Mar’eh de Matthias Pintscher est un poème lyrique qui exige du violon solo une immersion totale dans le son. Celui-ci doit se dédoubler, devenir en même temps peintre ou poète, pour se plonger instinctivement dans cette œuvre. Il lui faudra effacer de son jeu toute trace de préparation afin d’envelopper le public d’une atmosphère très particulière, élaborée à partir d’une vaste palette sonore. Très subtile, alternant harmoniques artificielles pianississimo et traits excessivement virtuoses, l’écriture de Matthias Pintscher est comme un chant du cœur : elle nécessite une maîtrise exceptionnelle non seulement de l’instrument, mais aussi de son propre corps. Un calme intérieur inébranlable est primordial afin de laisser transparaître ces sonorités inouïes dans toute leur pureté.

Dans un large passage de la pièce, qui semble une vaste improvisation mais n’en est pas moins extrêmement bien pensé et organisé, le violoniste se retrouve sur quelques crins de l’archet, sans trembler, comme un funambule sur son fil. J’aime jouer cette pièce, surtout quand l’acoustique de la salle s’y prête – comme à la Pierre Boulez Saal de Berlin où nous l’avons interprétée voilà deux ans. J’y ai fait l’expérience d’une véritable complicité entre notre jeu et l’acoustique. Je retrouverai certainement cette sensation dans la salle des concerts de la Cité de la musique, ce qui me permettra de guider mon interprétation tout comme j’ai pu le faire dans la pièce Anahit de Giacinto Scelsi jouée également avec l’Ensemble et Matthias Pintscher en avril dernier (photo ci-dessus), et dont la démarche spirituelle et émotionnelle rejoint tout à fait celle de Mar’eh.

Photos (de haut en bas) : © Franck Ferville / © EIC