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Décoder la création, avec trois nouveaux talents de la composition

Éclairage By Ensemble intercontemporain, le 27/11/2023

Premier rendez-vous de cette saison avec les étudiant.es des classes de composition et d’interprétation du Conservatoire de Paris, le concert Emergences du vendredi 1er décembre mettra en lumière trois œuvres de jeunes compositeurs et compositrices d’horizons divers, sous la baguette du jeune chef Nicolò Foron.  

Dilay Doğanay : Lost Burdens (2022)
pour clarinette, saxophone soprano, percussion, piano, violon, alto, violoncelle et contrebasse.

Quelle est l’inspiration derrière votre œuvre, Lost Burdens ?
Chacun pleure un peu les fardeaux qu’il a perdus sur la route. Ma pièce se concentre sur les possibilités sonores du bois et du métal, ainsi que sur leurs relations et leurs résonances, en tenant compte de la qualité rythmique des objets sonores individuels, variés et positionnés les uns après les autres.

Quelques mots sur la compositrice :
Née à Izmir, en Turquie, en 1999, Dilay Doğanay est motivée par l’exploration de la théâtralité du son et des formes de communication à la fois implicites et explicites. Ses compositions, souvent inspirées par le langage, intègrent parfois des textes originaux dont elle est l’auteure. Elle se forme à la composition à Izmir sous la direction de Mehmet Can Özer et Füsun Köksal, avant de poursuivre sa formation avec Franck Bedrossian à l’Université de musique et des arts du spectacle de Graz, ainsi qu’au Conservatoire de Paris dans la classe de Frédéric Durieux. Ses compositions ont été interprétées par divers ensembles, tels que RIOT, Schallfeld Ensemble, IEMA et hand werk, Neue Vocalsolisten Stuttgart.

Écoutez Lost Burdens interprété par le Riot Ensemble au Festival Klangspuren Schwaz en 2022 :

 

Brendan Champeaux : Poem Code (2023)
pour clarinette basse, accordéon microtonal, percussion et guitare électrique

D’où vous vient cette œuvre au nom énigmatique, Poem Code ?
J’ai conçu Poem Code comme un système d’encryptage de textes, dont la clé est un poème, convenu entre l’émetteur et le récepteur. Par cette méthode, un écrit poétique est donc détourné de son propos initial : il transmet un message non lié à son contenu d’origine, mais s’y retrouve mystérieusement associé. J’aime voir cette union comme une étrange télépathie entre l’encrypteur, le décodeur et l’auteur du poème, qui forment une communauté fortuite qui se parle à travers le temps, dans un langage qu’ils sont les seuls à comprendre.

Pour écrire cette pièce, conçue comme une énigme à déchiffrer, je me suis consacré à la recherche de motifs, de figures à combiner ou à recomposer, d’indices ou de signaux à travers les lignes du poème. Lire, écouter, déceler, en mêlant la logique à l’irrationnel, sont autant d’attitudes qui ont guidé l’écriture de Poem Code.  

Quelques mots sur le compositeur :
Le clarinettiste et compositeur Brendan Champeaux aborde le son et l’écoute comme une expérience physique, en explorant les liens entre matériau acoustique, forme musicale, espace, volumes et architecture. Il étudie la composition avec Jean- Luc Hervé, Gérard Pesson et Franck Bedrossian au Conservatoire de Paris et à l’Université de Graz (KUG), ainsi que les nouvelles technologies appliquées à la composition avec Yan Maresz, Luis Naon et Grégoire Lorieux. En 2022, il collabore avec la poétesse américaine Susan Howe (née en 1937) pour composer Periscope pour l’ensemble vocal EXAUDI (diffusé sur BBC Radio 3). 

Découvrez Poem Code interprété par l’Ensemble Cairn dirigé par Guillaume Bourgogne en mars 2023 :

 

Yuki Nakahashi : Marginalia (2023)
pour soprano, flûte, clarinette, saxophone, basson, cor, percussion, piano, violon, violoncelle et contrebasse.

Le 1er décembre sera créée votre nouvelle œuvre Marginalia, pouvez-vous nous en dire quelques mots ?
L’une de mes préoccupations en matière de composition consiste à établir des liens entre des éléments divers et à évaluer leurs points de divergence. Les conflits et les contrastes qui émergent entre ces éléments forment, à mes yeux, une sorte d’espace liminal dans lequel l’auditeur est situé, similaire à celui que l’on expérimente lors de la lecture d’un livre.

Lorsque j’ai composé cette pièce, mon esprit était particulièrement absorbé par le “paysage sonore” que je percevais en marchant en forêt. C’était un paysage complexe : bruit des feuilles qui se froissent, chant polyphonique des oiseaux, tintement lointain des cloches dont la source demeure indéterminée… Mon intention n’était pas de reproduire ce paysage de manière littérale, mais plutôt de m’inspirer de cette harmonie miraculeuse, véritable essence de la nature, pour structurer cette pièce.  

Quelques mots sur le compositeur :
Né au Japon en 1995, Yuki Nakahashi étudie la composition avec Ichiro Nodaira à l’Université des Arts de Tokyo où il obtient un Master de composition. Depuis 2020, il poursuit ses études au Conservatoire de Paris avec Stefano Gervasoni, Luis Naón, Yan Maresz et Grégoire Lorieux. Nakahashi puise souvent son inspiration dans les voix et les gestes des animaux tels que les baleines, les vaches, les chats… Il choisit des matériaux délicats et les combine de manière libre pour créer une musique qui transcende la simple référence auditive, créant ainsi un contexte musical riche et profondément évocateur. Ses oeuvres couvrent différents domaines tels que la musique vocale, instrumentale, mixte et électronique. Ses pièces ont été récompensées dans plusieurs concours de composition au Japon et à l’étranger. 

Découvrez ses Deux variations (2022) pour flûte et ensemble avec Pierre Cornu-Deyme :

Photo (de haut en bas) : © EIC / DR / Fondation Royaumont / Anne-Laure Lechat