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Un souffle de jeunesse sur la création !

Éclairage By Ensemble intercontemporain, le 25/01/2023


V
endredi 27 janvier,
le
deuxième rendez-vous Émergences de la saison mettra à nouveau en lumière le travail de quatre jeunes compositeurs, étudiants au Conservatoire de Paris. Quatre créations, aux inspirations des plus diverses provenant de la littérature, de contes populaires ou même du disco des années 80…


Alexandre Jamar : Four Songs from the Bell Jar

Quelle est l’origine de votre œuvre ?
Four Songs from the Bell Jar sont en fait le fruit d’une collaboration avec Nazifa Islam, une jeune poétesse américaine qui a l’habitude de composer des « poèmes trouvés » en prélevant des mots dans d’autres œuvres. Dans cet exercice oulipien, elle s’interdit la redite d’un mot, l’altération de son accord (féminin/masculin, singulier/pluriel) ou de sa conjugaison, et bien entendu l’ajout d’un mot. Le recueil dont est extrait le texte des Four Songs a pour origine les journaux de Sylvia Plath. 

Comment avez-vous construit ces Four Songs ?
Enthousiasmé par l’un des poèmes de Nazifa, je lui ai proposé d’appliquer ce procédé d’élimination à ses propres poèmes, chacun devenant ainsi la soustraction du précédent. En musique, le premier poème est donc un bouillonnement de musiques contradictoires, impétueuses et heurtées, et ce n’est qu’en retirant peu à peu la matière musicale que le substrat de la pièce se révèle. Les 4 mouvements convergent ainsi vers une sorte de « musique sous cloche », en écho au titre de l’unique roman de Sylvia Plath, The Bell Jar.

Quelques mots sur le compositeur 
Né en 1995 à Paris, Alexandre Jamar débute sa formation en composition avec Allain Gaussin avant de rejoindre la classe de José Manuel Lopez Lopez au CRR de Paris. Il étudie ensuite la composition instrumentale au CNSM de Paris avec Gérard Pesson et les nouvelles technologies avec Yan Maresz, Luis Naon et Grégoire Lorieux. Sa musique a été interprétée par l’Ensemble l’Itinéraire, les United instruments of Lucilin, l’ensemble Cairn, l’Orchestre de Picardie et l’Ensemble Ecoute, avec lequel il est actuellement en résidence. En juillet 2022, il est lauréat de la première édition du concours Elan, organisé par l’Ircam et l’Orchestre national d’Île-de-France pour sa pièce Five Forest Studies.

En savoir + : alexandrejamar.com

Five Forest Studies d’Alexandre Jamar

 

Kenta Onoda : Takenoko Kids

D’où vient le titre de votre œuvre ?
Le titre fait référence à un groupe de danse japonais, « Takenoko-zoku », qui s’est développé de la fin des années 1970 au milieu des années 1980. Il était composé de jeunes adolescents, habillés de costumes rocambolesques et bariolés, et qui dansaient sur de la musique disco tous les dimanches dans l’espace public.

En quoi ce groupe de danseurs vous a-t-il intéressé ?
En apparence, ces adolescents semblaient épanouis et comblés, mais derrière leur enthousiasme se cachait un désir de reconnaissance. Ils recherchaient une voie propre pour se distinguer des autres, ce que je vois comme un signe de vulnérabilité, en particulier chez les adolescents. Ce dualisme d’éclat et de fragilité, surtout, m’a touché et inspiré. 

Quelques mots sur le compositeur
Kenta Onoda est né en 1996 au Japon, où il étudie la composition avec Jummei Suzuki à l’Université des Arts de Tokyo. Il poursuit actuellement ses études au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris dans la classe de Frédéric Durieux. Finaliste du 86e Music Competition of Japan, il remporte le 30e Yasushi Akutagawa Suntory Award for Music Composition, qui lui passe une commande d’une nouvelle pièce symphonique créée en 2022. Il est boursier de la Meiji Yasuda Cultural Foundation, de la Fukushima Foundation, de la Rohm Music Foundation ainsi que de la Nomura Foundation.

Chants d’étoileurs de Kenta Onada


Mikel Iturregi, Atabala eta euria

Quelle est la source d’inspiration de votre œuvre ?
Atabala eta euria, « Le tambour et la pluie », est le titre d’un court récit de l’écrivain basque Joseba Sarrionandia, qui raconte, dans un esprit assez féérique, la promenade d’un enfant jouant du tambour un jour de pluie. Sa rêverie se brise soudain lorsqu’il trébuche et tombe, perdant alors son tambour emporté par un ruisseau. Atabala eta euria est ma seconde création autour de ce conte, après Urak darama pour quatuor (2022).

Comment avez-vous transposé ce conte en musique ?
Les deux pièces explorent une musique interrompue par des événements parasites. Dans ce cas, une sorte de petite danse enfantine est empêchée de continuer, obligée d’avancer par chuchotements, en cachette. Elle s’abrite dans le souvenir d’un chant, d’abord troué de silences, mais qui tentera ensuite de retrouver comme une nouvelle puissance.

Quelques mots sur le compositeur
Mikel Iturregi est né en 1997 dans un village espagnol près de Bilbao, au Pays basque. Il étudie la composition à Donostia au conservatoire Musikene auprès de Gabriel Erkoreka, Ramon Lazkano et Zuriñe F. Gerenabarrena. Ses pièces ont été jouées par plusieurs ensembles, dont le Quatuor Diotima, l’ensemble Recherche et l’Orchestre Symphonique de Bilbao. Depuis 2021 il poursuit sa formation au CNSM de Paris dans la classe de Gérard Pesson.

Enjambre de Mikel Iturregi

 

Yuki Nakahashi : Concertino pour trompette et ensemble

Que préférez-vous dans la composition ?
J’y trouve de nombreux intérêts, le principal étant peut-être de détacher un soliste d’un ensemble instrumental. Mes recherches visent, non pas à en souligner la virtuosité, mais à définir son geste qui sert à la construction du discours musical collectif.

Comment l’avez-vous appliqué dans votre œuvre ?
Dans Concertino, le trompettiste propose plusieurs gestes tantôt s’opposant à ceux de l’ensemble, tantôt se rendant mimétiques. La chanteuse soprano intégrée au groupe instrumental se lie avec le soliste dans le but d’en élargir le geste et d’y ajouter une couleur particulière. Leur connexion devient de plus en plus forte, jusqu’à ce que ce « duo » devienne le nouveau soliste, fusionnant leur identité instrumentale et vocale.

Quelques mots sur le compositeur
Né au Japon en 1995, Yuki Nakahashi étudie la composition avec Ichiro Nodaira à l’Université des Arts de Tokyo où il obtient un master de composition. Il poursuit ses études au Conservatoire de Paris avec Stefano Gervasoni, Luis Naón, Yan Maresz et Grégoire Lorieux. Passionné par les possibilités de la voix, il compose plusieurs pièces vocales et mixtes, dont certaines sont récompensées lors de concours internationaux de composition, tel que le Concours international de Genève.

En savoir + : yukinakahashi.net

Variations pour flûte et ensemble de Yuki Nakahashi

 

Photos (de haut en bas) : © EIC / DR / DR / © EIC / DR