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Poésie Minérale. Entretien avec Bastien David, compositeur.

Entretien By Jéremie Szpirglas, le 27/05/2022

Le 2 juin prochain, à la Philharmonie de Paris, les solistes de l’EIC créeront Poésie Minérale, un trio à cordes du jeune compositeur français Bastien David, déjà bien connu de l’Ensemble. Une pièce particulière, fruit d’une commande des Amis de la Philharmonie de Paris, dont il nous dit quelques mots.

Bastien, comment est né ce nouveau trio ?
La Philharmonie de Paris m’a commandé un trio à cordes à l’occasion du départ de Laurent Bayle, qui fut longtemps à la tête de cette grande institution musicale. J’ai souhaité dans ma composition inclure un hommage à la musique ainsi qu’à sa Cité. Pour cela, j’ai tenté d’évoquer l’énergie du jardin minéral reliant les différentes institutions musicales qui s’y trouvent réunies.

Cette nouvelle œuvre est donc une évocation de la Philharmonie de Paris ?
Oui : une évocation de la Philharmonie ainsi que de l’environnement dans lequel elle s’inscrit : les forts contrastes qui opposent ce grand monument de pierre et de métal à son écrin végétal, cette apparition minérale qui scintille entre les cimes des arbres, la nuée d’oiseaux figés sur la façade du bâtiment qui répondent à ceux s’ébattant dans le ciel du parc de la Villette.

Cet ensemble architectural constitue à mes yeux un véritable jardin de pierre — la pierre étant elle-même une matière de contraste : elle repose là, apparemment inerte et immobile, se chargeant au soleil de lumière et de chaleur. C’est une matière qui a la capacité de faire rejaillir son énergie au travers des réverbérations sonores et lumineuses. Et c’est de cette poésie minérale dont je parle au travers  de ce trio à cordes.

Comment cela s’exprime-t-il dans le traitement du trio ?
Par le contraste oscillant entre des mondes statiques et d’autres en mouvement. Je joue sur de légères préparations des instruments, une scordatura, ainsi que sur une virtuosité de timbres. Ces recherches à la fois sonores et d’organisation du temps ont pour objectif de bâtir un discours qui soit un condensé d’énergies, entre rugosités et volatilités. La pièce propose un monde qui, au première abord, paraît clos mais petit à petit laisse entrevoir un ailleurs.

Photos (de haut en bas) : © Amandine Lauriol / © EIC