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LeConcerto pour piano de György Ligeti.

Éclairage Par Sébastien Vichard, le 08/05/2019

Vendredi 10 mai, à la Philharmonie de Paris, Sébastien Vichard sera soliste dans le Concerto pour piano de György Ligeti, qu’il qualifie de « chef-d’œuvre d’une saisissante modernité». Éclairage.

Quelle chance de jouer aux côtés de mes amis de l’Ensemble intercontemporain l’une des plus merveilleuses pièces pour piano concertant du xxe siècle ! Dans ces années 1980, György Ligeti renoue avec Béla Bartók dans une filiation quasi parfaite – au point que l’on pourrait presque fantasmer jouer un hypothétique Quatrième Concerto de Bartók –, en même temps que, dans un geste libérateur, il s’inspire du folklore africain pour revitaliser ses recherches musicales… Je voue une admiration intense aux compositeurs qui élaborent ainsi d’amples constructions musicales sur des principes élémentaires.

À l’image d’un micro-organisme ou d’une petite équation mathématique se déployant en une géométrie fascinante et complexe, Ligeti fait miroiter, dans une folle virtuosité architecturale, des cellules mélodiques et rythmiques rudimentaires vibrant indépendamment les unes des autres, et retrouvant parfois, l’espace d’un instant, le chemin d’un « sonner ensemble » plus immanent qu’inscrit dans le temps…

Combien de génie et d’humour, pour transcrire musicalement ces lignes frénétiques, dansant gaiement en désordre, sans jamais tomber dans le chaos ! Ce Concerto pour piano est une saisissante expression de la modernité : dans l’agitation effrénée du monde, il nous invite à saisir un « sens » poétique, dans tous les sens du terme.

 

Photos (de haut en bas) :  © Franck Ferville / © EIC