Afficher le menu

Le Requiem de Hans Werner Henze.

Éclairage Par Clément Saunier, le 27/01/2018

Le trompettiste Clément Saunier sera l’un des solistes du Requiem de Hans Werner Henze le 10 février prochain à la Philharmonie de Paris. Une œuvre aussi intense qu’atypique.

Comme on peut s’en douter, l’atmosphère de ce Requiem de Hans Werner Henze n’est pas franchement joyeuse ! Composée en hommage à Michael Vyner, ami du compositeur et directeur musical du London Sinfonietta, l’œuvre évoque aussi bien la mort que l’angoisse, la maladie, la solitude, l’adieu… Ces thématiques spirituelles sont magnifiées par l’écriture singulière de Henze, laquelle véhicule également une forme d’espoir ainsi que la possibilité d’une vie en harmonie avec la nature.
Comme d’autres compositeurs avant lui (on peut citer André Jolivet ou Chostakovitch), Henze met en avant la trompette et le piano dans un dialogue concertant avec le reste de l’ensemble. Par leurs natures respectives, les deux instruments solistes se complètent : la virtuosité et la richesse harmonique du piano se marient à merveille avec les facultés de projection et de soutien du son de la trompette. D’un bout à l’autre de l’œuvre, Henze fait évoluer la dynamique de ce duo afin d’exprimer le sentiment dominant de chaque mouvement.

Bien qu’assez espacées, mes interventions à la trompette sont très intenses, aussi bien physiquement que techniquement. Henze utilise divers effets comme des « flatt » (flatterzung, qui consiste à faire rouler la langue ou la gorge en soufflant) ou des glissendos, mais la difficulté principale est son utilisation récurrente de dynamiques extrêmes pour l’instrument — ce qui, il faut le noter, est paradoxalement assez rare à la trompette ! D’autre part, Henze aimait à entretenir avec l’histoire de la musique et le répertoire existant une relation riche, faite de références et de citations. Ce Requiem en présente de nombreux exemples et la trompette, avec tout l’imaginaire qu’elle charrie, n’est pas en reste. Par exemple, dans le cinquième mouvement, qui correspond au Rex Tremendae, il utilise la connotation militaire de l’instrument pour dépeindre les atrocités de la guerre (il cite même une marche militaire). Dans le Sanctus final, en revanche, la partie de trompette solo évoque davantage une écriture hymnique.

 

Photos © EIC