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Turbulences vocales à la Philharmonie de Paris.

Instant M. Par Matthias Pintscher, le 02/01/2017


Pour son premier instant M. de l’année, Matthias Pintscher nous invite à le suivre dans de nouvelles « turbulences », vocales cette fois-ci.

Tous les deux ans, la Philharmonie de Paris organise une Biennale d’Art vocal. Pour la première fois cette année, nous en ferons l’ouverture avec deux soirées de « Turbulences vocales » les 20 et 21 janvier. Nous présenterons tout ce que la voix permet, tout ce que chanter signifie : du plain-chant au chant contemporain, de la comptine au chant solennel, de la voix sublimée à celle totalement déconstruite.

De Purcell à ma propre musique, la première soirée sera comme un petit jardin de voix, dans lequel on chemine, de station en station — un peu à la manière d’un recueil de Lieder de Schubert. Pour nous guider dans notre déambulation, nous suivrons la voix de contreténor, une tessiture qui a si longtemps été considérée comme exotique. Cette voix m’a toujours fasciné et elle m’a paru idéale pour mettre en musique le journal intime de Derek Jarman dans The Garden : tous les jours de sa longue agonie, cet artiste britannique a écrit des textes d’une spiritualité incroyable et j’ai été particulièrement touché par ses derniers jours, au cours desquels il contemple l’espace de sa chambre — cette chambre qui a vu tant de bonheurs, de tristesses, de joies, de sensualités, de rencontres et de créativité.

Le Grand soir du samedi 21 janvier est l’occasion d’élargir nos vues jusqu’à Josquin des Prés ! Ce sont les Solistes XXI qui interprèteront ses fabuleuses polyphonies, ainsi que ma pièce Monumento V d’après Départ d’Arthur Rimbaud. Cette dernière pièce appartient à la même famille que The Garden, puisqu’elle décrit une transition émotionnelle, un de ces tunnels que l’on doit traverser pour embrasser une nouvelle condition. La constellation de pièces qui brillera dans le ciel de ce Grand soir représente un véritable éclatement vocal, porté par des grandes références de l’EIC (comme George Crumb et ses Federico’s Little Songs for Children) ainsi que quelques-uns de nos compagnons de route (Vito Zuraj, Beat Furrer ou Franck Bedrossian).

Naturellement, nous avons souhaité passer une commande pour l’occasion. Ce qui nous permet de révéler à notre public un jeune compositeur merveilleux que j’ai découvert par le biais du Conservatoire de Paris : Joan Magrané Figuera, pour moi l’une des personnalités les plus intéressantes et originales de sa génération. Sa musique est en outre une excellente manière de faire le pont entre les différents répertoires qui cohabitent au sein de ces « Turbulences vocales » : Joan est constamment plongé dans la musique de la Renaissance, il s’en entoure, l’étudie, la respire et la vit à chaque instant !