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Retour sur 2015-16.

Instant M. Par Matthias Pintscher, le 01/07/2016


Pour son dernier instant M. de 2015-16 Matthias Pintscher revient sur une saison notamment marquée par la disparition du fondateur de l’Ensemble intercontemporain : Pierre Boulez.

« L’événement le plus marquant de cette saison 2016-16, est certainement la disparition de Pierre Boulez. Certes on s’y attendait mais il est franchement impossible de se préparer à un tel choc émotionnel. D’abord abasourdis, on est ensuite pris par un double vertige : celui du poids des souvenirs, d’une part, et, d’autre part, celui de la nécessité de continuer à porter son esprit, avec fierté. Cela signifie porter toujours ses regards vers l’avenir.
Nous ne couperons pas les liens qui nous lient à notre héritage : c’est là notre culture et Pierre Boulez fait partie de ce patrimoine. Mais son legs, immense, implique également une obligation d’aller toujours de l’avant. Nous veillerons donc à ne jamais nous transformer en « Musée Pierre Boulez », ce qu’il aurait détesté.

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Rejetant toute posture de repli, il nous faut au contraire prendre des risques, utiliser toute notre énergie pour créer, conscient de notre histoire. C’est que nous avons eu la joie de faire à de nombreuses occasions cette année par exemple avec Olga Neuwirth, dont l’immense partition Le Encantadas (photo ci-dessous) est elle aussi tendue entre ses racines (Luigi Nono) et la projection vers l’inconnu. Personnellement, j’ai été très touché par le succès que ce chef-d’œuvre, disons-le, a rencontré : c’est sans doute l’un de mes plus beaux souvenirs personnels de la saison. Je suis en outre très fier d’avoir su la convaincre de se lancer dans un projet de cette envergure. Aujourd’hui, tout le monde a entendu et aimé l’œuvre, et nous sommes invités pour la rejouer, à Lucerne, Amsterdam, Berlin…

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Un autre projet illustre bien cette ouverture à la création sous toutes ses formes. Au mois de mai, cinq de nos solistes ont participé au projet SIMPLEXITY la beauté du geste (photo ci-dessous) du compositeur, cinéaste et aujourd’hui chorégraphe belge Thierry De Mey. Pour les besoins de cette production véritablement transdisciplinaire nos musiciens nous ont surpris, éblouis, par l’étendue de leurs talents cachés, de danseur notamment. Là encore, le succès a été au rendez-vous, alors que personne ne pouvait imaginer ce que cela donnerait quelques jours avant.

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Si nous prenons parfois des chemins de traverse (ce que nous ferons par exemple en ouverture de la prochaine saison, avec le Grand soir Bryce Dessner, le 24 septembre), nous aussi devons continuer à renouveler le répertoire de l’Ensemble. Nous avons déjà beaucoup accompli, notamment en établissant de nouveaux formats de concert. Et nous commençons à réfléchir à un vaste laboratoire ouvert à tous les jeunes créateurs, qu’ils soient compositeurs, interprètes et ou issus d’autres disciplines…
Une autre image me restera aussi de cette saison : celle de la première collaboration officielle des deux résidents de la Philharmonie de Paris : pour la première fois, l’Orchestre de Paris et l’Ensemble intercontemporain ont joint leurs forces le temps de deux concerts (photo ci-dessous) — un Grand soir placé sous le signe de la Passion (rien que ça !) et un grand concert en hommage à Pierre Boulez. Espérons que cela soit le début d’une stimulante complicité entre nos deux formations.

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Il me reste à vous souhaiter un bel été en attendant de vous retrouver en septembre pour cette nouvelle saison, celle des 40 ans de l’Ensemble ! »

 

 

Photos (de haut en bas) : © Franck Ferville / autres photos : © Luc Hossepied pour l’Ensemble intercontemporain.