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Mes pères musicaux.

Instant M. Par Matthias Pintscher, le 21/02/2016


Pour son instant M. de mars, Matthias Pintscher a choisi de nous parler de deux compositeurs qu’il considère comme ses pères musicaux : Hans Werner Henze et Manfred Trojahn, tous deux au programme du concert du 23 mars prochain à la Philharmonie de Paris.

« Hans Werner Henze et Manfred Trojahn sont comme mes pères musicaux. Manfred Trojahn est même l’un des rares que je puisse officiellement appeler mon professeur — même si beaucoup de personnalités m’ont très fortement influencées : je pourrais citer Helmut Lachenmannn, Wolfgang Rihm, Salvatore Sciarrino ou Pierre Boulez. Dans les faits, notre relation dépassait de loin celle d’un maître et d’un élève et relevait davantage de l’amitié : nous allions ensemble au cinéma, au théâtre, au musée, au concert. C’était donc plus un ami, avec lequel je parlais d’ailleurs plus d’enjeux généraux et des aspects philosophiques de notre métier que de détails de partition. C’est une autre manière d’approcher l’enseignement de la composition, lequel n’implique pas nécessairement des cours à heures fixes, avec des exercices d’écriture. Enseigner, c’est aussi ouvrir au monde, c’est ce que Trojahn a fait pour moi : un mentor, donc, qui me parlait d’égal à égal, avec une grande générosité, qui a beaucoup nourri ma pensée de musicien. Aujourd’hui, comme pour boucler la boucle, je suis en mesure de lui passer commande et compléter ainsi ce cycle de partage et de don.
Quant à Hans Werner Henze (1926-2012), j’avais 19 ou 20 ans quand je l’ai rencontré, et comment pouvais-je ne pas être ébloui par une personnalité aussi radieuse, riche et flamboyante ? C’était un génie de la musique, d’une inspiration phénoménale, à tout instant, en même temps qu’un homme si généreux, habité par un profond sens du partage. Dans son Festival de Montepulciano en Toscane, où il m’a invité à plusieurs reprises, je me souviens de lui arrangeant les chaises dans une église pour que tout le monde puisse s’asseoir ! »

 

Photo © Edouard Caupeil pour l’Ensemble intercontemporain