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Nouvelle saison 20125-16 : l'édito de Matthias Pintscher.

Éclairage Par Matthias Pintscher, le 31/08/2015

Matthias Pinstcher-1DEF©Franck Ferville
Depuis deux ans que les solistes de l’Ensemble intercontemporain et moi-même sommes embarqués dans cette formidable aventure musicale, je dois dire que chaque saison s’est avérée plus riche et excitante que la précédente ! C’est donc avec un immense plaisir que j’aborde cette nouvelle saison 2015-2016. Elle verra l’Ensemble poursuivre sa lancée, approfondir les réflexions engagées et affirmer ce renouveau qui emporte l’adhésion du public.
Après une prometteuse « année zéro », cette nouvelle saison sera la première véritable de la Philharmonie de Paris. Elle marquera l’épanouissement de notre résidence au sein de cette formidable institution. Les collaborations avec l’Orchestre de Paris (orchestre en résidence) et les Arts Florissants (ensemble associé) seront multipliées, et ce sera pour nous l’opportunité de réinvestir l’expérience si fructueuse engrangée au cours des week-ends Turbulences pour inventer tous ensemble de nouvelles manières de jouer et d’écouter la musique (photo ci-dessous).

DSCF9192Entracte pendant le Grand soir des Turbulences « clair-obscur », le 6 décembre 2014

 Nous sommes des formations complémentaires ; chacun a son propre répertoire et la nouvelle Philharmonie nous permet de maximiser nos potentiels respectifs : en ce qui nous concerne, celui d’être un ensemble de solistes. C’est unique au monde ! Notre formation à géométrie variable offre de multiples possibilités. Les talents individuels qui la constituent lui permettent de couvrir un large éventail d’œuvres, du solo au grand ensemble en passant par tous les effectifs de musique de chambre. C’est cette pluralité que nous avons à cœur de montrer cette saison encore. Elle fait notre singularité, notre richesse et nous permet de revisiter inlassablement notre répertoire tout en continuant à œuvrer sans faillir à la création.

DSCF1737Pli selon pli de Pierre Boulez à la Philharmonie de Paris le 3 février 2015

La Philharmonie de Paris est aussi le lieu idéal pour mener nos expériences pluridisciplinaires. Cette saison, elles nous entraînent vers les territoires des arts visuels et de la scène. Depuis quelques années, ces scènes artistiques se nourrissent de plus en plus des nouvelles technologies numériques, et c’est à leur rencontre que nous irons, notamment à l’occasion de nos soirées « Turbulences Numériques » en octobre (photo ci-dessous). En partenariat avec Némo, la biennale internationale des Arts Numériques, nous présenterons notamment l’étonnant projet No More Masterpieces pour lequel le collectif 33½ s’empare du Concerto Séraphin de Wolfgang Rihm afin de s’émanciper de toutes les conventions de la représentation. L’occasion de poser un nécessaire état des lieux des productions pluridisciplinaires aujourd’hui : dans quelles conditions deux disciplines s’enrichissent-elles ? Quand sont-elles redondantes ? Quand s’annulent-elles ?

14e Èdition du Festival Mutek 2013Tempest de Franck Vigroux et Antoine Schmitt

 À ce sujet, il est à mes yeux d’une importance capitale que nous concrétisions chaque saison au moins une grande œuvre scénique et nous développons dans ce but des collaborations avec les diverses scènes lyriques parisiennes. L’an passé, c’était Solaris de Dai Fujikura au Théâtre des Champs-Élysées (photo ci-dessous), cette année, nous aurons la chance de créer le premier opéra de Francesco Filidei, Giordano Bruno, au Théâtre de Gennevilliers, en avril.

DSC_5839Solaris au Théâtre des Champs-Elysées, le 5 mars 2015

Cette saison sera également ponctuée par de grandes rencontres avec des artistes qui nous sont chers, à commencer par Olga Neuwirth (photo ci-dessous), l’une des voix les plus remarquables de la scène musicale actuelle, dont nous créerons en octobre une œuvre extraordinaire dans tous les sens du terme : Le Encantadas o le avventure nel mare delle meraviglie, que je devine être l’un de ses chefs-d’œuvre, à l’instar du Prometeo de Luigi Nono qu’elle admire tant.

Olga Neuwirth, Vienna, august 30th 2004Olga Neuwirth

Nous sommes également très heureux de participer au « portrait » consacré à la compositrice coréenne Unsuk Chin, en partenariat avec le Festival d’Automne à Paris. Sa musique brillante et très inventive semble taillée sur mesure pour l’Ensemble. En décembre, Georges Aperghis sera au cœur d’un « Grand soir » à la Philharmonie de Paris. C’est un grand créateur doublé d’un authentique « gentilhomme » dont nous fêterons en décembre le 70e anniversaire. Nous mettrons également à l’honneur des interprètes comme Georg Nigl, dont la performance dans notre spectacle autour du Winterreise de Schubert nous a tellement impressionnés que nous avons tenu à lui proposer un nouveau projet à sa mesure et démesure : les Eight Songs for a Mad King du compositeur britannique Peter Maxwell Davies.

Pour tous les solistes comme pour moi-même, la transmission est naturellement au cœur de nos vies de musiciens, et nous voulons cette année revoir de fond en comble cette dimension fondamentale de nos activités : concerts éducatifs (photo ci-dessous), parcours pédagogiques, avant-concerts, etc. Elles seront le théâtre d’un renouveau pensé avec tous les intervenants : médiateurs, interprètes, compositeurs tels que François Rossé ou Patricia Alessandrini (photo ci-dessous) avec le parcours « Musique augmentée » qu’elle propose à la Gaîté Lyrique.

DSCF0067Concert éducatif : la percussion dans tous ses éclats, 17 janvier 2015 à la Philharmonie de Paris

Quant à notre travail envers les futurs professionnels, nous renforçons encore avec le Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris notre « partenariat naturel », comme le qualifie son directeur, Bruno Mantovani. Outre les master classes et projets communs avec les étudiants, nous expérimenterons des ateliers pour les jeunes compositeurs et les élèves de la classe de direction d’orchestre.

DSCF2230Atelier de composition au Conservatoire de Paris en janvier 2015 avec Florent Carron-Darras, compositeur et Victor Hanna, percussionniste  

Enfin, cette saison verra l’Ensemble voyager, pour deux tournées exceptionnelles vers deux grands pays. Dès la rentrée, nous irons en Chine. À ce titre, cette initiative n’est que la première d’une série, que j’espère longue, de tournées en Extrême-Orient, afin d’explorer cette scène à l’immense potentiel. Puis nous serons au États-Unis, où il m’importe que nous développions nos activités. En tant que New-Yorkais d’adoption, je prends de plus en plus conscience de ma responsabilité d’un côté comme de l’autre de l’Atlantique, pour enrichir le dialogue et bâtir un pont virtuel entre les deux continents. À Paris, Pékin ou Washington, l’avenir de la musique se joue tous les jours ! À nous de vous donner envie de le vivre ensemble !
11-DSC_9752-Matthias Pintscher_copyright Luc Hossepied
 
Crédits photos (de haut en bas) :  1 (c) Franck Ferville / 2 et 3 (c) Luc Hossepied pour l’Ensemble intercontemporain / 4 (c) Caroline Hayeur /5 (c) Franck Ferville / 6 (c) Philippe Gontier / 7, 8 et 9 (c) Luc Hossepied pour l’Ensemble intercontemporain