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Portraits en « clair-obscur » 6/6 : Thomas Adès, compositeur

Portrait Par Jéremie Szpirglas, le 04/12/2014

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Les 5 et 6 décembre 2014, deux nouvelles soirées « Turbulences » nous emmèneront explorer les territoires musicaux en « clair-obscur » proposés par le jeune compositeur et artiste électro Marko Nikodijevic. Découverte de l’univers musical de ces deux concerts avec 6 portraits de compositeurs au programme.  Aujourd’hui portrait d’un compositeur star en Grande-Bretagne, Thomas Adès. 
Un parfum proustien flotte sur l’œuvre de Thomas Adès. Esthète élégant et sophistiqué, érudit raffiné, compositeur  virtuose , Thomas Adès est en dialogue constant avec le passé, qu’il soit tradition ou vécu : sa musique est lieu de mémoire. Ses Lieux retrouvés (2009) pour violoncelle et piano, composé pour Steven Isserlis, viennent souligner cette filiation proustienne.

Savante et expressive, son écriture musicale s’inscrit ainsi dans la continuité tout en renouvelant les formes dont il a hérité. Il peut ainsi déconstruire, voir « exploser », selon ses propres termes, des œuvres de John Dowland ou de François Couperin, pour les « retricoter » ensuite… À titre d’exemple, les sept tableaux d’Arcadiana, son premier quatuor à cordes, convoquent tour à tour Schubert, Debussy, Mozart, Elgar et même le peintre Nicolas Poussin ! Car, tout comme Marcel Proust, l’art qu’il pratique n’est pas le seul à lui inspirer réflexion. Il affirme plus encore ses penchants pour les autres disciplines artistiques dans ses deux opéras : le premier, Powder Her Face (1995), s’empare d’un fait divers (le scandale entourant le divorce de la Duchesse d’Argyll dans les années 1960) pour en faire une satire sociale acide, quand le second, en 2003, s’inspire de The Tempest de Shakespeare.

Pianiste de formation, Thomas Adès exige de ses interprètes une grande virtuosité et une égale souplesse pour rendre les changements d’atmosphères radicaux et contrastés de sa musique. Chef d’orchestre réputé, c’est aussi un grand maitre de l’orchestration, un domaine dans lequel il parvient à une impressionnante et originale synthèse entre le grand orchestre postromantique et l’impressionnisme français, et cela sans renier ses aînés britanniques (Elgar, Britten, Benjamin) : son orchestre est un instrument mouvant et sensuel, aux couleurs soyeuses et chatoyantes.

Photo DR