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Concert Paris-Boston : Demandez le programme !

Entretien By Jérôme Comte, le 11/09/2018

 

Le 16 septembre à la Philharmonie de Paris, les musiciens de l’Ensemble intercontemporain, de l’Orchestre de Paris et du Boston Symphony Orchestra seront réunis pour un concert de musique de chambre inédit. Jérôme Comte, clarinettiste, présente le programme tout en contraste.

L’occasion fait le larron, comme on dit : l’invitation faite au Boston Symphony Orchestra par la Philharmonie nous permet, à l’Orchestre de Paris et à nous-mêmes, de réunir les musiciens de nos trois formations, le temps d’un concert. Souvent en tournée, on a l’occasion de croiser les membres d’autres orchestres : on les rencontre, on fraternise. Si on a de la chance, on va boire un verre avec eux. Mais on n’a que rarement la chance de jouer avec eux. C’est dommage, car, pour moi, l’une des grandes joies de la musique est de découvrir d’autres personnalités de musicien, et quel meilleur moyen que de faire de la musique ensemble ?  D’autant que, cette fois, c’est la réunion de trois institutions très différentes mais géniales, chacune à sa manière. La tonalité générale du concert sera ainsi un doux mélange tout à fait inédit, car nous ne partageons sans doute pas la même façon d’envisager la sonorité globale au sein d’un ensemble de chambre. Cela peut donner lieu à d’excellentes surprises. Surtout que ce sont des pièces que nous connaissons quasiment par cœur, pour la plupart. L’Introduction et Allegrode Maurice Ravel, par exemple, est un grand classique : c’est une pièce orchestrale de musique de chambre … Pour moi personnellement, c’est une œuvre assez virtuose. Je me demande même parfois comment faisaient les clarinettistes de l’époque pour s’en sortir : Ravel écrit pour la clarinette comme pour la flûte ! S’agissant d’écriture, Catch de Thomas Adès est un véritable bijou : je l’ai jouée pour la première fois il y a une dizaine d’années et j’ai tout de suite adoré : c’est une musique géniale, entraînante et spirituelle…

 

 

Quant aux Trois Pièces pour clarinette d’Igor Stravinsky, c’est mon œuvre fétiche, que je joue depuis des années maintenant, un peu partout dans le monde — je l’ai aussi enregistrée. À ce sujet, je réserve pour ce concert une petite surprise : je jouerai certainement une quatrième pièce pour clarinette de Stravinsky. Pour la petite histoire, c’est une miniature qu’il a écrite sur un coin de table — littéralement, puisqu’il était à ce moment attablé avec Pablo Picasso dans un café parisien. Elle est très peu connue car non éditée, mais a déjà été jouée, par moi et par d’autres, à de très rares occasions. C’est une pièce très courte, à la manière d’une épitaphe, qui s’inscrit dans la perspective des trois premières. Jouées après le Final jazzy, ces deux lignes et demi superbes figurent comme une petite pensée apaisée, réminiscence du mouvement inaugural.

 

Propos recueillis par Jérémie Szpirglas

Photos (de haut en bas) : © Jean-Baptiste Millot / © EIC