Afficher le menu

Souvenir de création. Paul Riveaux, basson.

Entretien Par Jéremie Szpirglas, le 24/11/2016

492Riveaux_Paul©Franck Ferville-def
À l’occasion des 40 ans de l’Ensemble intercontemporain en 2016, nous avons demandé à chaque soliste de nous faire part d’un souvenir marquant de création. Leurs témoignages composent un tableau vivant et contrasté des coulisses de l’Ensemble et de la création musicale. Paul Riveaux, basson, qui a rejoint l’Ensemble en 1990, livre aujourd’hui son « souvenir de création ».

> Création française de Dead Elvis (1993) de Michael Daugherty, pour basson et ensemble, le 22 décembre 1996 à la Cité de la musique.

Dans sa notice, Michael Daugherty écrit : « Le bassoniste se tiendra debout devant l’ensemble instrumental. En option : lunettes de soleil à la Elvis et/ou veste dans le style de l’Elvis de Las Vegas dans les années 1970. » À l’époque où j’ai su que j’allais jouer cette pièce, Elvis et les stars du rock en général me semblaient appartenir à une autre planète pour laquelle je n’avais aucune attirance. Je trouvais même plutôt ridicule et pitoyable le comportement des fans face à leurs idoles. C’est donc plutôt à contrecœur que je me mis au travail, bien décidé à me contenter d’interpréter la partie de basson, certes de mon mieux, mais sans aller au-delà. Pourtant, au cours des deux ou trois mois de préparation, j’ai glissé progressivement vers la fascination, voire l’adoration…
Après avoir écouté et visionné la quasi-totalité des enregistrements et vidéos que je pouvais trouver, j’ai finalement poussé plus loin encore que ne le suggérait le compositeur, l’aspect scénique de cette pièce attrayante et surprenante : micro-cravate, poursuite lumineuse braquée sur « Elvis » dès son entrée en scène, gestes et déplacements, et même un lent effondrement du « King » pour accompagner une longue descente chromatique – la descente aux enfers de la star –, sans parler de toute la panoplie vestimentaire, coiffure comprise ! Un souvenir très fort, avec des collègues brillants et complices et un Jonathan Nott aussi précis que pétillant de plaisir !

4922017-02-14 à 18.07.19