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La Cité de la musique fête ses 30 ans !

Boulez 100 Par Ensemble intercontemporain, le 14/01/2025

Il y a 30 ans naissait la Cité de la musique, que l’Ensemble intercontemporain intégrait alors comme résident permanent. Concerts, ateliers pédagogiques, médiathèque, la Cité représentait un centre musical complet très attendu par Pierre Boulez et l’EIC. L’occasion de se replonger dans ce texte du fondateur de l’EIC et ardent promoteur de la Cité de la musique (ainsi que de la Philharmonie de Paris des années plus tard) écrit tout spécialement pour le programme de salle du concert d’inauguration, le 12 janvier 1995. 

 » Voilà dix-huit ans qu’a été fondé l’Ensemble InterContemporain ; voilà dix-huit ans qu’il n’a cessé de travailler dans le provisoire. Je ne parle pas des incertitudes supposées de la création… Je parle plus simplement des locaux qui l’ont hébergé et dans lesquels les conditions de travail étaient peu propices à la concentration : salle de répétition dont l’absence d’isolation phonique laisse libre cours à l’intrusion du fonds sonore environnant, éloignement entre les différents lieux de travail (administration, salle de répétition et lieux des concerts) rendant plus difficile la communication et la coordination des activités diverses des musiciens (musique de chambre, activités pédagogiques).

Cela va changer, cela change : ce projet, dont nous attendions la réalisation avec un mélange de résignation et d’impatience, de scepticisme et de ferveur, voici que la saison 1994-1995 nous l’offre. Il va véritablement rénover notre outil de travail, nous apporter enfin des possibilités jusqu’à présent restées hors d’atteinte. Comment cela ?

La raison la plus évidente reste ce qu’on peut appeler le bien-être acoustique dû à l’isolation phonique du lieu, à ses propriétés acoustiques, mais aussi à la relation permanente, sinon exhaustive, d’un ensemble et d’une salle, surtout lorsque cette salle propose une variété de configurations adaptées aux œuvres programmées.

De plus, l’Ensemble InterContemporain travaillera dans un véritable contexte : il fera partie d’un tout cohérent, s’insérera dans une intention, élargira son activité à un domaine qui lui était, jusqu’à présent pratiquement interdit, je veux dire la pédagogie. La musique du XXe siècle souffre de ce manque d’apprentissage, de cette passerelle permanente qui devrait amener l’étudiant au stade proprement professionnel : interprètes autant que compositeurs sont concernés par cette absence d’intégration.

Nous pourrons donc, je le souhaite, développer, avec tous les partenaires de la cité de la musique, les échanges indispensables que nous n’avons encore pu mener que très, trop sporadiquement, mais nous n’en abonnerons pas pour autant les relations privilégiées que nous entretenons avec nos partenaires habituels.
Nous poursuivrons bien évidemment notre collaboration avec l’Ircam, le Châtelet, le Musée d’art moderne de la Ville de Paris et le Centre Georges-Pompidou.

Ne nous plaignons pas de l’attente prolongée que nous avons eu à subir avant de trouver un lieu d’accueil permanent. L’Ensemble n’aurait probablement pas été suffisamment « adulte » pour assumer des charges plus vastes et plus exigeantes comme il peut le faire maintenant après un nombre suffisant d’années d’expérience tant individuelle que collective. La cité de la musique, d’autre part, n’existait pas en tant qu’entité et que localisation. Les circonstances sont donc plus propices qu’elles ne l’ont jamais été pour aborder une nouvelle étape dans l’existence de l’Ensemble et de ses missions. »

Pierre Boulez

 

Programme des concerts des 12 et 13 janvier 1995 à la Cité de la musique 

Photo : l’EIC et Pierre Boulez, Cité de la musique, 1997 © Philippe Gontier