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Retour sur la saison 2013-14 : le regard de Matthias Pintscher, directeur musical

Entretien Par Jéremie Szpirglas, le 17/07/2014

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Tous les regards se tournent maintenant vers  la nouvelle saison  2014-15 ce qui n’est pas une raison pour tirer un trait sur celle terminée depuis le 10 juillet. Nous avons donc demandé à quatre solistes ainsi qu’à  Matthias Pintscher de partager avec nous leur regard sur la saison 2013-14. Il conclue aujourd’hui  cette série d’entretiens.
Matthias, quels ont été pour vous les temps forts de cette saison 2013-2014 ?
Le point fort est en réalité l’intégralité de la saison passée. Au-delà d’un concert ou d’un autre, cette année fut remarquable par l’énergie dégagée : ce fut une première saison pleinement accomplie durant laquelle s’est établie une confiance réciproque entre les musiciens, les membres de l’équipe et moi-même, et qui a créé une exaltation commune qui nous permet d’envisager sereinement ce que l’avenir nous réserve.

Tout le monde s’est investi. Les musiciens ont pris leur part de responsabilité, collective et individuelle, pour faire avancer l’institution. Ils sont à l’origine d’innombrables initiatives artistiques mais aussi pédagogiques.
J’adore ces musiciens, et j’ai eu l’occasion durant cette année de faire plus ample connaissance avec eux, créant un lien très fort entre nous. Nous nous soutenons mutuellement, et ça me facilite grandement la vie ! Et cet appui se double du soutien du public : nous avons su renouveler notre audience, à commencer par les week-ends Turbulences, où nous avons vu de nombreuses nouvelles têtes.

Après cette première saison, quel regard portez-vous sur votre relation à l’ensemble ?
La plus grande surprise est que nous nous sentons aujourd’hui particulièrement bien ensemble, très détendus – que ce soit en répétition, en concert ou en enregistrement. Nous sommes un ensemble d’excellence, mais ce n’est pas suffisant : la joie et la passion doivent également contribuer à la qualité de notre travail, que l’on joue du Ligeti, une création ou du Wagner.
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Nous avons encore besoin de quelques années pour affirmer et assurer ce travail. Si je reste en lien constant avec l’équipe pour maintenir le dialogue, je ne suis pas à Paris tout le temps et cela préserve la fraîcheur de notre relation. Les personnalités individuelles s’affirment de plus en plus : nous pouvons parler librement sans craindre de froisser l’un ou l’autre. On peut trouver mon enthousiasme excessif, mais je me sens toujours aussi chanceux de pouvoir jouer d’un tel « instrument » : je ne suis pas le leader de l’Ensemble, je me fonds dans ce corps musical, et c’est bien agréable.
Quels sont pour vous les grands rendez-vous de la saison 2014-2015 ?
Deux des grands rendez-vous de la saison sont liés à deux événements majeurs : l’ouverture de la Philharmonie de Paris en janvier 2015 et le 90ème anniversaire de Pierre Boulez. La saison prochaine est primordiale : nous devrons montrer à tous que nous sommes un acteur essentiel de la Philharmonie. Dans ce but, nous porterons des projets ambitieux, que j’attends avec impatience, comme Pli selon Pli et Répons de Boulez, ou Amériques de Varèse, en collaboration avec le Conservatoire de Paris.
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J’ai notamment hâte de développer nos activités pédagogiques au sein de la Philharmonie – et de remplir ce fantastique espace d’une nouvelle énergie pour attirer de nouveaux publics. La saison passée, les concerts éducatifs, comme ceux animés par Clément Lebrun (celui autour de Chinese Opera était absolument génial !), ont eu un retentissement formidable chez les enfants, et je veux poursuivre dans cette voie. Nous ferons également des ateliers pour la jeune création : ce sont des concerts au cours desquels les compositeurs eux-mêmes viennent présenter leurs esthétiques, leurs musiques et leurs travaux dans un contexte artistique plus vaste.
Nous essayons encore et toujours d’imaginer de nouveaux formats de concert et j’esquisse actuellement la vision de ce que seront les quatre prochaines années. Nous nous devons d’être ambitieux dès le départ. Nous sommes aujourd’hui face à de grands défis, à commencer par la recherche de nouveaux moyens nous permettant de réaliser des projets plus vastes. J’ai hâte de voir de nouveaux opéras, de nouveaux chefs, de nouveaux compositeurs que l’on n’a jamais entendus à Paris. On va explorer toutes les directions, avec une grande énergie.
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Photos – de haut en bas : 1-2(c) Franck Ferville / 3 DR / 4(c) Luc Hossepied pour l’Ensemble intercontemporain