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Entre fanfares et processions, alternant paysages réels et fantasmés, ce concert réunit trois compositeurs joueurs et singuliers, iconoclastes et curieux : les américains Charles Ives et George Crumb et l’allemand Enno Poppe.
Dirigeant une florissante compagnie d’assurance, Charles Ives n’avait cure des modes de la scène musicale en cours au tournant du XXe siècle. Il en a profité pour inventer une forme géniale de peinture sonore par superposition de couches apparemment indépendantes, dont Three Places in New England offre un parfait spécimen. Ode à la région natale du compositeur, l’œuvre est aussi une plongée dans le déjà si riche terreau musical de la culture américaine. Paraphrasant à tout va spirituals, chants patriotiques et cantiques d’église, Ives y célèbre tour à tour le colonel Shaw (qui commanda un régiment afro-américain pendant la Guerre de Sécession), la fête de l’Indépendance et la paix au sein de la nature. Lieux d’expériences joyeusement désordonnées et poétiques, Three Places in New England fait au passage exploser le moule de la musique telle qu’elle était alors.
Cryptique à souhait, le titre Kronos-Kryptos évoque également une œuvre rétrospective à clefs. Revisitant la forme quadripartite romantique, non sans citer, lui aussi, la musique populaire, George Crumb évoque successivement le joyeux carillon d’une Aube de Pâques, une Barcarolle fantomatique au balancement triste et délicat, les sauvages Percussions de l’Apocalypse, avant un final méditatif et cosmique, riche d’Échos des Appalaches.
Il y a quelque chose de populaire encore, dans Prozession du compositeur allemand Enno Poppe. Commencée en 2015, puis abandonnée dans un tiroir, l’œuvre a été reprise et achevée pendant le confinement du printemps 2020, mais a vu sa création reportée à plusieurs reprises. Ici, les instrumentistes de l’ensemble cheminent deux par deux, dans une marche scandée par quatre percussionnistes, lancinants duos qui distendent peu à peu le temps. Les mélopées, déferlant par vagues de plus en plus intenses, culminent dans de saisissants accords. Est-ce une fanfare qui ne marche pas ? Sont-ils en transe ? On ne sait où ils vont mais ils y vont : « Dans Prozession comme dans nombre de mes pièces, j’enclenche un processus, puis je laisse la musique grandir, et grandir encore, dit Enno Poppe, comme un flux immense qui ne s’arrête jamais. »
« Il s’est passé quelque chose avec cette pièce, ajoute le compositeur allemand, je n’avais jamais rien écrit de tel. »

 

Cast
  • Ensemble intercontemporain
    Matthias Pintscher direction

  • Coproduction Ensemble intercontemporain, Philharmonie de Paris, Festival d’Automne à Paris
    Concert enregistré par France Musique

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