Nées de l’amitié entre Anton Webern et la poétesse Hildegarde Jone, les deux Cantates Op. 29 et 31 opèrent, à bien des égards, une synthèse de l’œuvre tout entière du compositeur, combinant techniques de canons et symétries, écriture dodécaphonique, et délicatesse de sa touche coloriste s’agissant de mise en musique d’un texte. Mêlé aux résonances spirituelles des poèmes de Jone, cela justifie pleinement l’appellation de « Cantate », référence à Johann Sebastian Bach que Webern révérait au point d’orchestrer le Ricercar à six voix qui sert de base à L’Offrande musicale.
C’est aussi une construction en miroir qu’adopte Philippe Manoury dans sa Passacaille pour Tokyo. Central dans cette œuvre créée, comme son titre l’indique explicitement, à Tokyo en 1994, le piano ne tient pour autant pas un rôle concertant au sens romantique du terme : l’orchestre prolonge les gestes du soliste davantage qu’il ne rivale avec lui. Un second piano lui répond depuis les coulisses faisant office « d’ombre du soliste », selon l’expression du compositeur, dont il ne garde qu’un vague contour de l’écriture extrêmement travaillée et virtuose.
Enfin, l’Autrichien Johannes Maria Staud retrouve la Philharmonie de Paris avec Once Anything Might Have Happened, une nouvelle œuvre pour voix, ensemble et électronique dans laquelle il propose un voyage qui, « dans une interaction constante entre poésie et musique, et sous la forme d’esquisses fugitives, nous conduit vers d’étranges paysages sonores ».
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Sophia Burgos soprano
Hanno Müller-Brachmann basse
Hidéki Nagano piano
Jean-Christophe Vervoitte cor
Ensemble intercontemporain
Orchestre de chambre de Paris
Ensemble Aedes
Matthias Pintscher direction
Mathieu Romano chef de chœur
Dionysos Papanikolaou
réalisation informatique musicale Ircam -
Coproduction Ensemble intercontemporain, Ircam-Centre Pompidou, Orchestre de chambre de Paris, Philharmonie de Paris
Dans le cadre du festival Manifeste – 2022, festival de l’Ircam
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“Once Anything Might Have Happened”. Entretien avec Johannes Maria Staud, compositeur. Entretien
Le 17 juin, à la Cité de la musique, l’Ensemble intercontemporain créera une nouvelle œuvre de Johannes Maria Staud pour voix, cor, ensemble et électronique : Once Anything Might Have Happened. Le compositeur autrichien revient sur l’origine de cette création inspirée par la poésie, méconnue, du romancier et poète américain William Carlos Williams.
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“Passacaille pour Tokyo” de Philippe Manoury. Éclairage
Le 17 juin, à la Cité de la musique, l’EIC jouera la virtuose "Passacaille pour Tokyo" de Philippe Manoury, avec Hidéki Nagano au piano. Une œuvre de 1994 qui, comme son titre l’indique, revisite une forme musicale très répandue aux XVII et XVIIIe siècles : la passacaille.