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« Noli me tangere » d’Isabel Mundry.

Éclairage By Samuel Favre, le 12/02/2020

Le 16 février à la Maison de la Radio, dans le cadre du Festival Présences, Samuel Favre sera le soliste du nouveau concerto pour percussions et ensemble de la compositrice allemande Isabel Mundry au titre énigmatique, Noli me tangere. Éclairage du percussionniste sur un concerto « écrit autant pour être vu que pour être entendu. »

« Noli me tangere », littéralement « ne me touche pas », c’est ce que dit Jésus ressuscité à Marie-Madeleine. S’agissant d’un concerto pour percussions, ça peut sembler paradoxal, puisque, par définition, les instruments de percussion ont besoin d’être touchés pour produire du son. C’est pourtant autour de ce paradoxe qu’Isabel Mundry a pensé son écriture. La partie soliste l’incarne véritablement, en jouant notamment avec le principe de résonance par sympathie : par exemple, après avoir mis en vibration un tam-tam, j’en approche d’autres instruments, d’autres objets, comme des bocaux. Je peux même faire des rythmes de cette manière, en approchant et en éloignant tour à tour un bocal du tam-tam. Le discours tourne également autour de l’idée de vis-à-vis entre le corps du musicien et certains de ses instruments.

Ce n’est pas une démonstration de virtuosité. Le soliste est parfois presque passif, le reste de l’ensemble s’emparant de l’idée musicale qu’il vient d’exposer pour l’étendre et la développer — en vis-à-vis, donc. Entre les deux s’instaure davantage un dialogue qu’une confrontation.

J’aime beaucoup jouer cette musique. Lui donner du sens exige un passionnant travail de fond que je trouve très agréable : je dois assumer chacun de mes gestes, chacune des sonorités. J’aime aussi la dimension gestuelle, quasi chorégraphique, qu’Isabel a imaginée pour moi : ce concerto est écrit autant pour être vu que pour être entendu.

Propos recueillis par Jérémie Szpirglas

Photos (de haut en bas) : Samuel Favre, répétition de Noli me tangere, Philharmonie de Paris © EIC / Samuel Favre et Isabel Mundry © EIC