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La Sequenza VII de Luciano Berio.

Éclairage By Jéremie Szpirglas, le 01/04/2019

 

« Composer pour un virtuose digne de ce nom n’est aujourd’hui valable que pour consacrer un accord particulier entre le compositeur et l’interprète et aussi comme témoignage d’un rapport humain. »
Luciano Berio

Le mardi 2 avril à la Philharmonie de Paris, Philippe Grauvogel (photo ci-dessus) sera seul en scène pour interpréter la Sequenza VII pour hautbois de Luciano Berio. Une œuvre virtuose dans laquelle le compositeur italien poursuivait sa recherche de « polyphonie virtuelle »…

Commencée en 1958 et se poursuivant jusqu’en 1995, la série de Sequenze constitue un fil rouge dans la vie créatrice de Luciano Berio : celui d’une exploration systématique des limites de la virtuosité instrumentale — jouant tour à tour avec l’acoustique ou la théâtralité, la polyphonie ou les techniques inhabituelles, l’inouï ou l’humour, mais sans jamais perdre vue la poétique. Chacune des quatorze Sequenze est née de la rencontre avec un soliste. Plus qu’une œuvre de Luciano Berio seul, chacune est le produit de ce duo compositeur/soliste sublimant l’interaction entre l’instrumentiste et son instrument.
Composée en 1969, la Sequenza VII pour hautbois a été écrite en étroite collaboration avec l’immense hautboïste et compositeur Heinz Holliger, auquel elle est dédicacée. Cette dédicace est d’ailleurs affirmée dans l’écriture, puisque toute la pièce est élaborée autour de la note Si  — une note jouée pianissimo d’un bout à l’autre de la pièce en coulisse, soit par un autre instrument, soit par une bande. C’est autour de ce Si que le discours du hautbois prolifère, la partie soliste étant comme mise en perspective ou « analysée » au crible de cette « constante. « Avec la Sequenza VII, écrit Berio, je poursuis la recherche d’une polyphonie virtuelle. […] La pièce est habitée d’une sorte de conflit permanent – à mon avis très expressif et parfois dramatique – entre l’extrême vélocité du phrasé instrumental et la lenteur des procédés musicaux qui déterminent le parcours. »
Chaque Sequenza a droit à une courte introduction, que l’on doit au poète Edoardo Sanguineti. Pour la Sequenza VII, ce dernier écrit ainsi :
« il tuo profile è un mio paessaggio frenetico, tenuto a distanza
è un falso fuoco d’amore, ché è minimo : è morto »
« ton profil est un de mes paysages frénétiques, tenu à distance
c’est un feu d’amour faux, minimal : il est mort »

Photos : Philippe Grauvogel, Philharmonie de Paris, 2018 © EIC / Luciano Berio © Philippe Gontier