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Portrait « ManiFeste » 3/6 : Utku Asuroglu, compositeur

Portrait By Jéremie Szpirglas, le 19/06/2015

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Organisé par l’Ircam, l’Académie du festival ManiFeste offre chaque année à de jeunes compositeurs venus du monde entier la chance de travailler avec l’Ensemble intercontemporain, ensemble associé de l’Académie. Du 15 au 27 juin date du concert final, nous vous proposons le portrait de six d’entre eux, qui participent à l’atelier de composition pour ensemble dirigé. Un atelier placé sous la conduite des compositeurs Ivan Fedele et Michael Jarrell, et sous la direction musicale du chef néerlandais Lucas Vis.  Troisième portrait : Utku Asuroglu, un jeune compositeur turc. 
Né en 1986 en Turquie, Utku Asuroglu commence la musique sur le tard. Ce n’est en effet qu’à 17 ans qu’il débute le piano — et, d’emblée, il se découvre un goût pour le détournement des œuvres qu’il travaille. Son professeur l’encourage d’ailleurs à improviser au piano sur divers sujets, parfois, et même souvent, extra-musicaux : sa journée, par exemple.
Après une première formation à l’Université des Beaux-Arts Mimar-Sinan d’Istanbul, il bénéficie d’une bourse d’études pour intégrer le Conservatoire de Rotterdam (Pays-Bas) puis se perfectionne à l’Université des Arts de Graz en Autriche. Ce sont donc successivement trois formations, au sein de trois sociétés aux cultures contrastées, et dans trois langues différentes, qui façonnent son univers musical de manière déterminante — en parcourant son catalogue, on s’aperçoit que ses titres déclinent toutes les langues européennes ou presque.
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La pièce qu’il compose spécialement pour cet atelier de l’Académie ManiFeste avec l’Ensemble intercontemporain s’intitule Capitaine Nemo. Le jeune compositeur donne l’explication de ce  titre  : « C’est mon père qui m’a fait découvrir Jules Verne, se souvient-il, et j’ai été immédiatement fasciné par la manière qu’il avait de mêler réalité scientifique et fiction — c’est à mon sens l’une de ses plus grandes qualités. Mon père n’est pas du tout musicien, mais mathématicien, et il m’a ouvert de nombreux horizons notamment littéraires et scientifiques. Aujourd’hui encore, je crois que le compagnonnage des grands inventeurs et des grands aventuriers au cours de mon adolescence a été essentiel dans le développement de l’artiste que je suis aujourd’hui. C’est bien sûr au Capitaine Nemo de 20000 lieux sous les mers que cette pièce fait référence — mais ce n’est pas exactement le Nemo décrit par Jules Verne, mais bien plutôt ma représentation propre du personnage. Ce qui me permet par la même occasion d’évoquer le monde comme il va aujourd’hui. »
Résultat : une pièce fougueuse, voire tempétueuse, pleine d’action et d’éclats surexcités…