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Portrait « ManiFeste » 2/6 : Igor Santos, compositeur

Portrait By Jéremie Szpirglas, le 17/06/2015

 
Igor Santos-article
Organisé par l’Ircam, l’Académie du festival ManiFeste offre chaque année à de jeunes compositeurs venus du monde entier la chance de travailler avec l’Ensemble intercontemporain, ensemble associé de l’Académie. Du 15 au 27 juin date du concert final, nous vous proposons le portrait de six d’entre eux, qui participent à l’atelier de composition pour ensemble dirigé. Un atelier placé sous la conduite des compositeurs Ivan Fedele et Michael Jarrell, et sous la direction musicale du chef néerlandais Lucas Vis.  Deuxième portrait : Igor Santos, jeune compositeur d’origine brésilienne vivant aux Etats-Unis. 
 
Né en 1985, le brésilo-américain Igor Santos suit une formation 100% américaine : un Bachelor of Music en composition à l’Université de Floride Sud, suivi d’un Master’s à la Eastman School of Music (Etat de New York) ; il prépare aujourd’hui un doctorat à l’Université de Chicago (Illinois).
Ses origines brésiliennes transparaissent toutefois dans son œuvre — dans ses Two Poems by Manuel Bandeira pour soprano et piano par exemple (Manuel Bandeira étant un poète brésilien), ainsi que dans certains titres comme memory, memorialization – o urubú e gavião pour violon et alto (littéralement : mémoire, commémoration – le vautour et le faucon, la seconde partie étant le titre d’un « choro » du compositeur brésilien Pixinguinha).
Au reste, la mémoire, et tout ce qu’elle suppose de collectif, d’inconscient et de vécu enfoui, occupe une place centrale dans son imaginaire musical, et jusque dans two/two – sleep/walking, l’œuvre qu’il écrit pour l’Ensemble intercontemporain dans le cadre de Manifeste : « La tierce mineur récurrente qu’on y entend trouve probablement ses origines, c’est du moins mon sentiment, dans l’influence subconsciente de musiques, où cet intervalle est prévalent, comme les berceuses ou les coucous des horloges mécaniques. »
Cette œuvre tire en partie son inspiration de la courte et tendre pièce Madame Press Died Last Week at Ninety de Morton Feldman — ou du moins de la réaction du jeune compositeur à son écoute, confrontée à un environnement sonore changeant. « Deux flûtes répètent inlassablement un tierce majeure descendante. En ce sens, two/two – sleep/walking décrit assez simplement la musique que j’ai écrite : l’essence de la partition se résume à deux variations sur des notes fixes. Ces hauteurs ne subissent toutefois aucun développement au sens classique du terme, mais bénéficie plutôt du principe de variation du matériau qui les entoure — se répétant sans cesse d’un bout à l’autre de la pièce, elles se trouvent constamment plongés dans un contexte différent »