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Portraits en « clair-obscur » 5/6 : Richard Ayres, compositeur

Portrait By Jéremie Szpirglas, le 03/12/2014

Richard Ayres
Les 5 et 6 décembre 2014, deux nouvelles soirées « Turbulences » nous emmèneront explorer les territoires musicaux en « clair-obscur » proposés par le jeune compositeur et artiste électro Marko Nikodijevic. Découverte de l’univers musical de ces deux concerts avec 6 portraits de compositeurs au programme. Aujourd’hui portrait d’une personnalité iconoclaste, le compositeur britannique Richard Ayres.  
« Pastiches et postiches » : cette expression, au demeurant empruntée à Umberto Eco, synthétise fort bien la démarche de Richard Ayres (né en 1965). Une démarche post-moderne s’il en est — le terme paraît presque trop faible ici ! Ce compositeur britannique n’aime rien tant en effet que revisiter notre mémoire musicale, se plaisant à accumuler les matériaux allègrement puisés dans l’histoire de la musique. La charge référentielle de ces citations, ou fragments de citation, lui importe moins, toutefois, que leurs qualités sonores propres — ce sont pour lui les briques de son jeu de construction, au même titre que les notes (hauteur, rythme et timbre) pour ses collègues. Tout y passe : une cadence baroque, un pas de valse, une courte carte postale beethovénienne, une bribe de leitmotiv wagnérien… Le tout arrangé dans un savant et joyeux désordre, se jouant de nos attentes avec beaucoup d’irrévérence et d’humour.

Renouant avec la tradition des numéros d’opus, il ne donne aucun titre à ses œuvres, se contentant d’un numéro — suivi, parfois, d’un sous-titre entre parenthèse : le No. 39, opéra de chambre d’après un livre pour enfants, est sous-titré The Cricket Recovers, quand le sous-titre No. 35 (Overture) se rapporte à la destination première de l’œuvre : une musique de mariage. Un sous-titre revient cependant pour une série de pièce qui constitue le fil rouge de l’œuvre de Richard Ayres : celui de NONcerto — en référence, naturellement, au concerto.

Richard Ayres aime également mettre ses œuvres en scène : dans No. 36 (NONcerto pour cor et ensemble), le soliste traverse plusieurs fois la scène en courant, entre « deux sommets des Alpes suisses ».
Jamais à court d’imagination, Richard Ayres aime se présenter lui-même dans une biographie fictionnelle, selon laquelle il serait une ancienne star du cricket : adolescent fugueur, il aurait été formé aux arts du spectacle et aux expériences musicales du groupe Fluxus par un capitaine au long cours, Captain James « purple inch » Stanshaw, alors qu’il était mousse à bord de son cargo, le Redshank. Il travaillerait aujourd’hui à un projet ambitieux : la colonisation de Mars, sur laquelle il ouvrirait le MARSON, réplique de l’Ircam, pour accueillir en résidence des compositeurs terriens aspirant à se ressourcer…

photo (c) Kees Tazelaar