Au programme de ce deuxième concert dans le cadre du Spring Festival de Tokyo, dans la grande salle de concert d’inspiration brutaliste de Bunka Kaikan, deux hommages. À György Kurtág d’abord, dont on a fêté l’an passé le centenaire : contrairement à ce que son titre laisse penser, Scènes de Roman op. 19 est un cycle de quinze chants sur des poèmes de Rimma Dalos qui, entre fragments et miniatures, tentent de dépasser l’impuissance du verbe et du son à exprimer le désespoir. L’autre hommage est pour Wolfgang Rihm, disparu en 2024, et dont le cycle des Chiffres ausculte le son, et notamment celui du piano, comme un égyptologue décrypterait les hiéroglyphes.

À ces deux monuments de la musique européenne d’aujourd’hui répondent deux compositrices qui comptent parmi les voix les plus puissantes et singulières de leur génération : la viennoise Olga Neuwirth et la britannique Rebecca Saunders. Hommage au poète russe Joseph Brodsky, Fondamenta II voit Olga Neuwirth tourner comme souvent ses regards vers la lagune vénitienne, tandis que Hauch II de Saunders caresse le son de l’alto solo jusque dans ses nuances les ténues et blaauw / sinjo déchire celui de la trompette en multiphoniques tour à tour rauques et bleutés.

• Jenny Daviet soprano
  Lucas Lipari-Mayer trompette
  John Stulz alto
  Sébastien Vichard piano
  Solistes de l’Ensemble intercontemporain
  Pierre Bleuse direction