Dans le Surangama sutra, parmi les fragments de textes mis en lumière devant Bouddha, voilà ce qui est dit : « Vous, frères de cette grande assemblée, devez retourner votre audition interne, votre écoute, vers l'intérieur ; vous devez écouter le son parfaitement unifié, intrinsèque, de votre esprit »… Stockhausen évoque parfois ces textes, et sans doute font-ils partie de sa vie profonde. A Paris, lors de la création du Parlement du Monde, extrait du Mercredi de Lumière, il dit encore : « Tous les hommes du futur parleront en chantant. Vous pouvez penser que je suis fou, cela ne fait rien. Les artistes dirigeront le monde, eux qui connaissent les vibrations de la lumière. » La tête dans les galaxies, les pieds enracinés dans la planète Terre, Stockhausen séduit, inquiète. Il poursuit une utopie merveilleuse. Je suis allée le retrouver à Kürten, où il habite. Par un matin d'automne, un pâle soleil sur les bruyères, le silence profond. Il est arrivé, vêtu de blanc et d'orange, le regard illuminé, la voix grave, et le dialogue a repris aussitôt, comme auparavant à Royan, La Rochelle, ou Venise, sur le chemin des découvertes.