« Faire entendre la Symphonie no. 4 de Mahler dans une forme unique et insolite. »
ÉclairageLe 13 septembre, à la Philharmonie de Paris, Elsa Benoit interprétera la partie chantée du dernier mouvement de la Symphonie no. 4 de Gustav Mahler, présentée dans une version inédite pour ensemble du compositeur suisse Michael Jarrell.
Lorsqu’un compositeur reprend le chef-d’œuvre d’un de ses aînés, à l’instar de Michael Jarrell revisitant la Symphonie no. 4 de Gustav Mahler, le résultat n’est selon moi ni une copie, ni une œuvre totalement originale, mais quelque chose de plus subtil et néanmoins inouï. On y retrouve les mêmes thèmes, les mêmes couleurs, mais réinterprétés, revus et corrigés, suscitant chez l’auditeur, comme chez les interprètes, des émotions parfois totalement différentes. En l’occurrence, l’effectif orchestral plus réduit apportera certainement une touche plus intimiste, voire sensible. Je pense également que, lorsqu’il s’est livré à cet exercice, Michael Jarrell est revenu au texte lui-même pour à son tour l’illustrer musicalement, sur la base du matériau dessiné par Mahler.
Entre l’ensemble et la partie de soprano se noue au passage une nouvelle dynamique concertante, que je trouve très séduisante : ma voix s’ajoutera à celles de tous ces solistes réunis, se mêlant à elles dans un jeu de questions/réponses à l’équilibre délicatement renouvelé.
Du point de vue de la technique vocale, la partie de soprano étant inchangée, cela ne changera pas fondamentalement ma manière de chanter — ce seront les mêmes légatos, les mêmes piqués… Cependant, dans la version originale, la masse orchestrale nous empêche par exemple parfois de faire des pianos aussi prononcés que la partition pourrait nous les inspirer. Elle peut parfois aussi noyer le texte. Cette fois, je vais justement pouvoir jouer davantage sur le récit, aller plus loin dans l’intensité des nuances. Cela va nous permettre, à l’ensemble instrumental et à moi, de donner un peu plus de relief à la pièce, ainsi que d’en rafraichir certaines couleurs, et de la faire entendre sous une forme unique et insolite.
Propos recueillis par Jérémie Szpirglas
Photo © Adrian Schaetz
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