“Into the Little Hill” de George Benjamin.
ÉclairageLe 23 août, dans le cadre du Festival Ravel, la soprano française Jenny Daviet sera l’une des interprètes du conte lyrique Into the Little Hill du compositeur anglais George Benjamin. Une œuvre en forme d’opéra de chambre pour laquelle la chanteuse endosse pas moins de quatre rôles…
Pour une chanteuse lyrique, Into the Little Hill offre la chance rare d’interpréter quatre personnages différents en 45 minutes ! Un exercice de transformiste vocal qui m’amuse beaucoup au demeurant.
Ce « conte lyrique en deux parties », comme il est sous-titré, reprend la légende bien connue du Joueur de flûte de Hamelin. Mais, la pièce étant conçue comme un opéra de chambre, George Benjamin et son librettiste Martin Crimp ont réparti tous les rôles entre une contralto et une soprano. En tant que soprano, j’incarne donc tour à tour la Foule, l’Étranger, le Narrateur, et l’Enfant du Ministre.
Le narrateur, rôle que je partage avec ma collègue contralto, est exactement cela : il dit comme des didascalies, qui permettent de basculer d’un personnage à l’autre. Lorsque je suis la Foule, notamment au début de la Scène 2, c’est pendant deux pages un chant que je qualifierais de « traditionnel », avec des effets proches du Yodel. Et puis il y a l’Enfant : Benjamin a noté toute cette partie en staccato, ce qui donne à la voix une clarté effectivement très enfantine.
L’écriture vocale de l’Étranger est finalement la plus attendue dans le cadre d’un opéra contemporain : elle exige une grande virtuosité, notamment dans les sauts d’intervalles extrêmes — comme ce contre-ré, juste après un sol grave — ou pour les si longues tenues de contre-notes, certaines le plus pianissimo possible. C’est peut-être là que l’on se met le plus en danger.
Propos recueillis par Jérémie Szpirglas
Voir aussi l’entretien avec George Benjamin sur Into the Little Hill
Photo © Julien Rousseau
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