Ces belles années… de Betsy Jolas
Boulez 100, Entretien
Le 12 décembre à la Cité de la musique, le concert de clôture du Centenaire de Pierre Boulez accueillera une invitée de marque : la compositrice Betsy Jolas, elle-même bientôt centenaire ! L’EIC, en compagnie de l’Orchestre du Conservatoire de Paris et de la soprano Tamara Bounazou, interprètera Ces belles années…, œuvre pour orchestre dans laquelle elle évoque ses souvenirs du Festival d’art lyrique d’Aix-en-Provence. La compositrice revient sur cette pièce mélancolique et joyeuse, autant que sur la relation faite d’admiration et de respect mutuels qui l’a liée à Pierre Boulez.
Betsy Jolas, que vous inspire votre présence au programme de ce concert qui clôture les célébrations du centenaire Boulez ?
Ce qui me vient immédiatement à l’esprit, c’est la première de Ces belles années… au Festival d’Aix-en-Provence – festival que j’évoque justement dans ma pièce, à l’occasion de son 75e anniversaire –, ainsi qu’à la merveilleuse direction de Simon Rattle et à la voix magnifique de ma nièce, la soprano Faustine de Monès, qui ont participé à sa création.
Comment avez-vous composé le livret de l’œuvre ?
Pour l’occasion, et sans aucune prétention littéraire, je me suis contentée d’un recueil d’exclamations familières qui devraient être reconnaissables par tous :
Oh, la joie de ces beaux jours.
Célébrons sans cesse ces beaux jours, toutes ces belles années, venez, venez, amenez vos amis.
Et toi le tout petit dans ton berceau tu viendras aussi.
Et vous là-bas qui passez, venez aussi.
Chantons tous ensemble, chantons la joie.
Dans quelles circonstances avez-vous rencontré Pierre Boulez ? Quelles relations avez-vous entretenues au fil des années ?
J’ai rencontré Pierre Boulez vers 1958. Sur le conseil d’un ami commun, le compositeur Girolamo Arrigo, je lui ai montré quelques cantates radiophoniques dirigées par Gilbert Amy. Notre relation s’est ensuite consolidée et est devenue plus régulière, amenant notamment à la création, en 1966, au Domaine Musical, de mon Quatuor II avec voix de soprano (1964).
Pierre Boulez a été très actif au Festival d’Aix-en-Provence : figurerait-il par hasard parmi les souvenirs évoqués dans Ces belles années… ?
Non. Ce sont là mes propres souvenirs d’Aix, et Pierre Boulez n’a rien à voir avec cette partition. Cela étant dit, je me souviens que Pierre avait reprogrammé à Aix mon Quatuor II avec voix que j’évoquais à l’instant. Comme je l’en remerciais, je n’oublierai jamais sa réponse, que je cite de mémoire : « Quand une œuvre est bonne, il faut la jouer ! »
Avez-vous le sentiment d’éventuelles influences esthétiques ou musicales réciproques entre vos œuvres respectives, qui découleraient de cette fréquentation ?
J’admirais Pierre Boulez et nous avons entretenu une bonne relation pendant toutes ces années, mais je crois que sa musique ne m’a jamais influencée.
Sur quoi portaient vos derniers échanges que vous aviez avec Pierre Boulez ?
Je crois que nous parlions essentiellement des œuvres des autres.
Photo © Jenny Leyman
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