“Sequenza VII” de Luciano Berio.

Le samedi 22 novembre dans le cadre d’EIC & Friends, qui célèbrera le centenaire de la naissance de Luciano Berio, le hautboïste Philippe Grauvogel interprétera la Sequenza VII du compositeur italien. D’un grand défi pour l’interprète, elle ne cesse de fasciner par son extrême contemporanéité.

Bien que composée en 1969, la Sequenza VII pour hautbois de Luciano Berio n’a pas pris une ride. Elle est certes devenue un grand classique, emblématique et incontournable de notre répertoire, mais sa modernité, sa contemporanéité, ne cessent d’étonner. Son écriture, ses effets sonores hautboïstiques sont toujours perçus comme très novateurs : notation rythmique en secondes et fractions de secondes, timbres modifiés par l’exploration de nouveaux doigtés, effets de multiphoniques utilisés parfois en guise de ligne mélodique, vélocité peu commune de courtes phrases couvrant toute la tessiture de l’instrument, staccatos ultra-rapides, glissandos, bisbigliandos (c’est-à-dire une note jouée en variant le doigté, ce qui provoque de légères variations de hauteur)… Berio nous propose un hautbois absolument inouï jusqu’alors. Composée pour et avec la collaboration de l’immense hautboïste Heinz Holliger, la partition est une sorte de laboratoire qui prospecte et assemble, en quelques minutes, à peu près toutes les possibilités acoustiques permises par l’instrument. Mon collègue Didier Pateau s’y étais d’ailleurs attelé dans le cadre du mini-festival “Turbulences” en 2014. J’ai hâte de m’y replonger à mon tour, sa maîtrise restant toujours un immense défi. 

Propos recueillis par Jérémie Szpirglas

Photo © Quentin Chevrier