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Une entrée en matière crescendo. Entretien avec Thibaud Rezzouk, hautboïste.

Entretien By Jéremie Szpirglas, le 28/05/2024

Depuis mars 2024, l’Ensemble intercontemporain est heureux d’accueillir dans ses rangs un nouvel hautboïste, Thibaud Rezzouk. Rencontre avec un jeune musicien, impatient de travailler au plus près des compositeurs et compositrices d’aujourd’hui. 

Thibaud, comment êtes-vous devenu hauboïste ?
J’ai commencé la musique presque par hasard, à la suite d’une annonce du conservatoire de Rouen pour ses classes à horaires aménagés. Ma rencontre avec mon premier professeur de hautbois, Alix Pengili, lors de ces journées portes ouvertes a été déterminante dans ma vocation. Dès les tout débuts, il a su partager avec moi sa passion pour le hautbois. Par la pratique, bien sûr, mais peut-être plus encore en m’initiant à l’écoute de cet instrument. Les albums de Pierre Pierlot (« Le charme du hautbois »), Heinz Holliger (« Virtuoso oboe concertos ») ou Albrecht Mayer (« Voices of Bach ») ont ensuite été pour moi des révélations.

D’où vous vient votre goût pour la musique contemporaine ?
De Philippe Grauvogel ! Après mon passage au CRR de Rouen puis aux CRR de Paris et de Saint Maur, j’ai intégré l’école supérieure de musique de Dijon où David Walter et Philippe Grauvogel ont été mes professeurs pendant deux ans – ce qui a été la raison de ce tournant dans ma culture musicale et ma pratique. Il m’a fait découvrir le hautbois dans le répertoire contemporain, d’abord avec l’incontournable Sequenza VII de Luciano Berio, puis avec Aulodie de François-Bernard Mâche pour hautbois et bande électroacoustique. C’est d’ailleurs aussi Philippe qui, à peine un an plus tard, m’a motivé à me présenter au concours de l’Ensemble intercontemporain.

Depuis, j’ai développé un goût pour les esthétiques contemporaines et pour certains modes de jeu en particulier, comme les jeux de timbres ou de micro-intervalles, qui reposent sur des doigtés alternatifs au hautbois. C’est le cas par exemple dans le solo de hautbois de Prozession d’Enno Poppe, ou dans la partie centrale d’Art of Metal de Yann Robin pour clarinette contrebasse et ensemble (dédiée à et créée par Alain Billard) que j’ai pu jouer avec l’EIC le 26 avril dernier à la Cité de la Musique sous la direction de Jonathan Nott.

Quels ont été pour vous les enjeux de la préparation au concours de l’EIC ?
Le principal défi a été d’enregistrer une quantité, inédite pour moi, d’informations musicales (notes, rythmes, articulations, modes de jeu, silences) nécessaires pour interpréter un programme qui représente un peu plus d’une heure de musique ! Le poste de hautbois solo à l’Ensemble exige une grande polyvalence, que le concours se doit de révéler, afin de recruter un.e hautboïste jouant aussi du cor anglais et maîtrisant sur ces deux instruments la technique classique aussi bien que les techniques élargies du répertoire contemporain.

Comment se passent vos débuts à l’Ensemble ?
Ça a été crescendo, avec trois premiers concerts où j’ai joué à chaque fois un peu plus longtemps. J’ai bénéficié de beaucoup de bienveillance de la part de mes collègues les plus proches, qui m’ont permis de m’installer tranquillement dans le rythme. J’ai aussi reçu un très bon accueil de la part des compositeurs et compositrices avec qui nous avons travaillé et qui, dans l’ensemble, sont très attentifs aux solistes, à leurs propositions et à leurs besoins.

Qu’attendez-vous de cette nouvelle expérience qui commence ?
Je suis impatient de participer aux prochaines tournées de l’Ensemble dans, je l’espère, différentes formations, allant du solo au grand ensemble. Une autre chose me fascine : le processus de création d’un compositeur ou d’une compositrice. Et la perspective d’avoir l’opportunité d’y être associé, de pouvoir assister et même de participer à l’élaboration de pièces, me remplit d’enthousiasme !

 

Photos (de haut en bas) : Thibaud Rezzouk © Franck Ferville / Philippe Grauvogel, Thibaud Rezzouk et Pierre Bleuse, à l’annonce des résultats du concours © EIC /  © Anne-Elise Grosbois