Retour sur la saison 2014-2015 : Eric-Maria Couturier, violoncelliste
Entretien
La saison 2014-2015 se termine et quelques solistes de l’Ensemble nous livrent leur expérience personnelle d’une année riche en événements. Premier à se prêter à l’exercice, Eric-Maria Couturier, violoncelliste
Quels sont vos souvenirs les plus marquants de cette saison 2014-2015 ?
Je visualise de façon très colorée notre Intersession au Triton en octobre 2014. Le principe-clef des Intersessions est la rencontre, la confrontation ou l’interpénétration, par le biais l’improvisation, de l’univers musical de l’Ensemble intercontemporain (représenté pour cette session par Jérôme Comte, Nicolas Crosse et moi-même), et de ce monde où les partitions ont moins d’encre, celui de la scène jazz improvisée, incarné pour l’occasion par le pianiste Paul Lay. La soirée fût très contrastée, tantôt assez « extrême », tantôt rappelant un rock un brin « bancal », ou, à l’opposé, dans un style tout en finesse assez proche de l’univers sonore de Lachenmann.
En novembre, je retiens la création de Carnaval pour clarinette, piano et violoncelle de Bruno Mantovani par Jérôme Comte, Hideki Nagano et moi-même, à l’Opéra Bastille, puis au Wigmore Hall de Londres et enfin à l’auditorium de Lyon. Répondant au célèbre Pierrot Lunaire d’Arnold Schonberg, c’était un programme fantastique, qui mettait en valeur les qualités de chacun.
Fin novembre, à Nice, nous avons créé Asymétriade composé par Yann Robin pour le contrebassiste Nicolas Crosse. Cette œuvre représente un véritable défi physique et musical tant dans sa version avec ensemble comme dans celle, solo, avec l’électronique de l’Ircam.
Ensuite, le 18 janvier, le concert d’ouverture de la Philharmonie de Paris nous a tous beaucoup marqués. Au cours de cette journée Portes Ouvertes, nous avons joué un programme de musique de chambre devant un public très différent de notre public habituel — un public novice et très curieux.
En février, nous avons eu le plaisir de retrouver l’Orchestre du Conservatoire de Paris, pour jouer ensemble deux immenses chefs-d’œuvre : Pli selon pli de Pierre Boulez et Amériques d’Edgard Varèse (photo ci-dessous). Les étudiants se sont une fois de plus dépassés. Ils nous surprennent toujours par leur enthousiasme revigorant.
Quel est votre sentiment sur les diverses activités (concerts, actions éducatives, etc.) de cette saison ?
Nous sommes très attachés à la transmission. À mon sens, cela passe par un travail particulier sur deux sens majeurs : l’ouïe et la vue. Je pense que le public est conquis par les qualités scéniques de ce que nous avons pu produire cette saison : le son, l’énergie, la joie d’être là, le partage entre nous et avec lui. C’est ce qui nous porte. Et c’est aussi ce qui déplace ceux qui viennent voir et écouter nos solistes invités comme Salomé Haller, Marisol Montalvo, ou notre directeur musical Matthias Pintscher, un artiste rayonnant et convainquant.
Comment voyez-vous la saison à venir ?
L’année prochaine est riche de tournées en Europe mais aussi en Chine et aux Etats-Unis. Concernant la programmation parisienne, j’attends personnellement avec impatience les deux soirées « Turbulences Numériques » des 9-10 octobre, au cours desquelles les arts numériques dialogueront avec la musique.
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Photos (c) Luc Hossepied pour l’Ensemble intercontemporain
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